MESTER DE JUGLARÍA, littérature
Antérieur au mester de clerecía, avec lequel il coïncide en partie, le « métier de jonglerie » s'applique aux poèmes épiques récités par les jongleurs, ou aux poèmes narratifs, lyriques ou dramatiques des xiie, xiiie et xive siècles. Fondé sur la tradition orale et les gestes historiques, il est la première manifestation de la langue romane (romance) qui deviendra le castillan. L'ensemble, très disparate, ne se caractérise par aucune règle fixe quant aux rythmes, aux mètres ou aux rimes. Les premiers romances et les juegos de escarnio (jeux de raillerie satirique, interdits par une loi des Siete partidas de Alphonse X le Sage, au xiiie s.), font partie du mester de juglaría, ainsi d'ailleurs que les chansons, les pantomimes, les danses ou les acrobaties des juglares ; ceux-ci formaient d'ailleurs une population hétéroclite, où l'on distinguait les remedadores (imitateurs), les cazurros (malotrus), les goliards ou clercs vagabonds ; des femmes (juglaras ou juglareras) exerçaient aussi le métier. Le terme de juglar, devenu très péjoratif, fut remplacé au xive siècle par celui de menestrel (ou ministril). Dans le célèbre Libro de buen amor de Juan Ruiz, archiprêtre de Hita (xive s.), coïncident l'esprit et les formes du mester de juglaría et du mester de clerecía. La dernière illustration du mester de juglaría est le poème épique intitulé Crónica rimada de Alfonso Onceno (première moitié du xive s.). La poésie populaire a maintenu à travers les siècles la tradition lyrique du mester de juglaría.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
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