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MESURES, économie

Mesure en unités non monétaires

Tous les phénomènes économiques ne peuvent pas nécessairement se mesurer en unités monétaires. La place que la monnaie occupe dans le fonctionnement de l'économie ne doit pas conduire à un « impérialisme » absurde de la mesure en unités monétaires. Quelques exemples simples l'attestent.

Si l'on s'intéresse à un produit relativement homogène (une matière première par exemple) et qu'il n'est pas nécessaire de le mettre en relation avec d'autres produits, c'est le plus souvent dans l'unité physique la plus appropriée que seront faites les mesures économiques correspondantes. La production charbonnière est, certes, une affaire de main-d'œuvre, de machines, de rentabilité financière, mais elle se mesure d'abord en millions de tonnes de charbon extrait des mines. De la même façon, l'évolution économique des transports dans notre pays s'appréciera au moins autant en voyageurs-kilomètres (ou en tonnes-kilomètres pour les marchandises) qu'en millions d'euros.

Il y a plus : l'économie décrit un aspect du fonctionnement des sociétés humaines ; c'est l'homme qui actionne la production, qui consomme, qui échange. Une grande part des phénomènes économiques ne peut être mesurée autrement qu'en nombre de personnes ou en nombre d'heures passées par des personnes à faire ceci ou cela. L'analyse de la production serait incomplète sans une mesure du nombre d'heures travaillées ou du nombre de personnes employées dans les diverses branches de l'économie. Les problèmes de l'emploi pourraient-ils être analysés sans une mesure du nombre de chômeurs, du nombre d'heures perdues pour cause de chômage technique ?

On peut aller plus loin dans cette direction et se demander si le travail humain n'est pas un étalon de référence tout aussi efficace que l'unité monétaire pour la mesure globale de grandeurs économiques variées. La mesure de la production, des échanges, du patrimoine productif se réfère, on l'a vu, aux prix des produits sur les marchés ; ne pourrait-elle aussi bien se référer aux nombres d'heures de travail que représentent ces mêmes produits ? C'est ce qu'on appelle la mesure en équivalent travail.

Un tel choix dans l'étalon de mesure des échanges économiques correspond à une certaine philosophie de la valeur, qui rejette la valeur d'échange monétaire comme seul critère de classement (et donc d'appréciation) des produits et des activités économiques.

La démarche à suivre pour établir des mesures économiques en équivalent travail est assez ardue. Il est en effet nécessaire de connaître non seulement la quantité de travail mise en jeu pour fabriquer un produit, mais aussi les quantités de travail entrant dans la production des matières premières et des machines servant à fabriquer ce produit.

Des mesures de l'ensemble des transactions économiques en équivalent travail ont déjà été réalisées. Elles ont montré que l'application idéale de la démarche soulevait des problèmes importants :

– le travail est une denrée hétérogène ; comment additionner (c'est-à-dire mettre en équivalence) le travail des ouvriers qualifiés et non qualifiés, des employés de bureau, des cadres ? La solution le plus généralement retenue consiste à contourner le problème en raisonnant sur des nombres de travailleurs (considérés comme tous équivalents, quelle que soit leur qualification) ou, au mieux, sur des nombres d'heures travaillées (considérées elles aussi comme toutes équivalentes) ;

– une partie des produits qui circulent dans notre économie est importée ; comment connaître la quantité de travail contenue dans ces produits importés ? Les solutions (approximatives) le plus couramment retenues consistent soit à admettre que[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École polytechnique, administrateur de l'I.N.S.E.E., chef de la division des concepts et définitions statistiques et comptables de l'I.N.S.E.E.
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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