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MÉTACOGNITION

Comment les sentiments métacognitifs sont-ils formés ?

Quoique les sujets n'en aient pas conscience, les sentiments noétiques sont eux-mêmes l'expression de multiples heuristiques qui sont construites par le cerveau au fil du temps. Une heuristique est un ensemble d'indices qui porte une information sur la probabilité du succès de l'action à engager (faisable/infaisable), ou déjà effectuée (correcte/incorrecte). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les indices prédictifs qui sont utilisés pour prédire la réussite cognitive appartiennent non au contenu des représentations (par exemple, à la récupération du sens d'un terme), mais à la rapidité avec laquelle elles sont activées et traitées, c'est-à-dire leur accessibilité, ainsi qu'à la cohérence de la prise de décision. Ces heuristiques déterminent entre autres la facilité (ou la difficulté) perçue d'un problème, la beauté ressentie d'une peinture, la clarté d'un raisonnement, ou la certitude d'avoir bien répondu. D'autres heuristiques exploitent des indices intéroceptifs de l'appareil respiratoire, circulatoire, digestif, ou endocrinien, ainsi que des indices posturaux et faciaux.

La fiabilité des sentiments métacognitifs dépend donc, en dernière instance, de la valeur prédictive des heuristiques inconscientes. Cette valeur prédictive est rendue possible du fait que le cerveau recalibre en permanence son degré de certitude ou d'incertitude ressenti en comparant ses prédictions aux résultats observés. Les études métacognitives ouvrent ainsi de nouvelles pistes pour mieux apprendre à apprendre, et pour calibrer de manière réaliste ses propres sentiments métacognitifs.

— Joëlle PROUST

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