POUDRES MÉTALLURGIE DES
Théorie du frittage
Le but du frittage est d'obtenir à partir des poudres un solide plus ou moins dense sans passer par l'état liquide (frittage d'une poudre de nature donnée), ou en maintenant à l'état solide au moins un des constituants du système (frittage en phase liquide d'un mélange de poudres). Dans le cas d'un frittage en phase solide, l'écart entre la température de traitement et la température de fusion est le plus souvent supérieur à 0,25 fois cette dernière. Le phénomène du frittage est influencé par de nombreux facteurs : caractéristiques propres des poudres (morphologie, dimensions, pureté...), conditions du traitement thermique (température, durée, pression...) et atmosphère de traitement (vide, atmosphères protectrices diverses...).
Frittage en phase solide
La thermodynamique montre que, ce processus étant irréversible, l'enthalpie libre du système doit diminuer au cours de son évolution. Cette diminution résulte essentiellement d'une réduction de l'énergie de surface (surface libre des particules, puis surface des pores). On peut diviser le processus en deux stades : il y a d'abord formation de zones de raccordement, appelées « ponts » de soudure ou « cous », entre particules en contact, puis disparition progressive de la porosité résiduelle.
Formation des ponts
Les particules de poudres étant supposées sphériques, de rayon r uniforme, et tangentes entre elles, deux groupes de mécanismes ont été proposés à partir de ce modèle théorique, suivant que les centres des sphères ne se rapprochent pas (évaporation-condensation ou diffusion superficielle) ou se rapprochent ( écoulement visqueux, diffusion en volume ou diffusion intergranulaire). Dans le second cas, les agglomérés présentent un retrait notable et la porosité résiduelle est progressivement éliminée.
Le mécanisme d'évaporation-condensation mis en évidence par W. D. Kingery lors de son étude du frittage de petites billes de chlorure de sodium est schématisé sur la figure. Pour établir la relation qui donne, à température donnée, la loi de croissance du rayon x du cou en fonction du temps, on tient compte du gradient de tension de vapeur qui existe entre les zones voisines de la surface convexe des sphères et les zones voisines de la surface concave du cou ; on écrit alors que la variation de volume de ce cou par unité de temps est égale à la quantité de matière qui se condense à la surface de la zone de raccordement ; en utilisant l'équation de Langmuir et la formule de Kelvin, on arrive à l'expression :
dans laquelle x est le rayon du pont, r le rayon des particules de poudres, γ l'enthalpie libre superficielle spécifique du matériau constituant les granules, p0 la pression de vapeur au voisinage d'une surface plane de ce matériau, a3 le volume d'un atome, d la densité, k la constante de Boltzmann, T la température absolue, M le poids atomique du matériau considéré, R la constante des gaz parfaits et t le temps.
Le mécanisme d'écoulement visqueux est schématisé sur la figure. On parle d'écoulement plastique si l'évolution morphologique s'opère par glissement suivant des plans et des directions cristallographiques et d'écoulement visqueux dans les autres cas. Dans l'hypothèse d'un écoulement newtonien, le déplacement des atomes s'effectue sous l'effet d'un cisaillement proportionnel au gradient de vitesse, la constante de proportionnalité étant égale à la viscosité du matériau considéré. Pour trouver la loi de croissance d'un pont, on écrit que l'énergie dissipée par l'écoulement du matériau :
(d'après Frenkel) est égale au travail effectué par les forces de surface, soit :
En intégrant, il vient :
Le mécanisme mettant en jeu la diffusion en volume ( a) est fondé sur l'existence[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gérard BERANGER : Professeur, directeur du laboratoire des matériaux de l'université de technologie de Compiègne
- Georges CIZERON : professeur à l'université Paris-Sud, Orsay, directeur du laboratoire de structure des matériaux métalliques, Orsay
Classification
Médias
Autres références
-
AIMANTS
- Écrit par Roger FONTAINE
- 6 273 mots
- 13 médias
En application des théories sur les grains fins, les recherches se sont orientées vers la production d'aimants permanents à partir de poudres dont les dimensions sont de l'ordre de celles des monodomaines magnétiques. Le processus de fabrication comporte deux stades : la préparation de la poudre et l'agglomération... -
BÉRYLLIUM
- Écrit par Jean-Paul CARRON , Robert GADEAU et Jean PERROTEY
- 5 410 mots
- 6 médias
Lebéryllium est préalablement fondu sous vide (purification) ; la billette est transformée en copeaux, que l'on broie. La compression de la poudre se fait à froid (100 kg/mm2), ou mieux à 500 0C ; pour les grosses pièces, on comprime à 1 000 0C sous vide ou en atmosphère d'argon,... -
GRENATS
- Écrit par Gérard GUITARD et Ramanathan KRISHNAN
- 4 264 mots
- 11 médias
...technique classique des céramiques. Prenons le cas du YIG. Les matières premières, soit l'oxyde de fer Fe2O3 et l'oxyde d'yttrium Y2O3 sous forme de poudre fine, sont pesées dans des proportions appropriées, puis mélangées d'une façon très homogène, et ensuite frittées à une température de 1 200 ... -
NICKEL
- Écrit par Jacques GRILLIAT , Bernard PIRE , Michel RABINOVITCH et Jacques SALBAING
- 4 774 mots
- 6 médias
Les poudres de nickel obtenues par différents procédés : décomposition du nickel carbonyle, réduction de l'oxyde de nickel, etc., sont utilisées dans les accumulateurs alcalins et les piles à combustible. Elles servent également en catalyse et à la fabrication d'aciers et d'alliages frittés (fig. 1)....