MÉTALLURGIE
Les premiers établissements industriels
Naissance de l'industrie du fer
Hier encore on pensait que l'industrie du fer ne s'était implantée qu'en Mésopotamie : 160 tonnes de fer – lingots et objets trouvés à Ninive vers 1865 – en témoignaient. Ils datent de l'an 1200 avant J.-C. Plus récemment, Contenau déchiffre une tablette, qu'il date de 1300 environ (fouilles de Boghaz Köy – publiées en 1934) : un roi hittite mentionne le retard d'une livraison.
En 1969, A. France-Lanord rassemble, avec ses propres analyses, toutes celles portant sur les épées en fer du Luristān et conclut qu'une véritable industrie de qualité s'était établie dans cette région dès le Ier millénaire avant J.-C.
Les découvertes archéologiques se multipliant, on voit s'étendre les régions où le fer est exploité – sans pour autant remplacer totalement le bronze – et reculer les dates de son usage intensif.
En Europe, les premières stations s'établissent à Villanova, à Hallstadt (900 av. J.-C.), peut-être par l'intermédiaire des Étrusques, puis à La Tène (à partir de 500). Étudiant les lingots, puis les épées, France-Lanord parvient à esquisser une filiation à partir d'études métallographiques portant sur la manière dont le fer était élaboré, cémenté, corroyé et poli.
L'industrie à l'époque classique
En Grèce, l'exploitation des mines du Laurium est la seule industrie indépendante des métiers d'art, encore que l' argent soit extrait du plomb par le procédé déjà connu de la coupellation. À l'époque gréco-romaine, les ponts des navires sont recouverts de plomb pour protéger le bois, et le plomb, utilisé pour les poids, servira aussi à faire les ancres.
La monnaie d'argent frappée et non plus coulée, devient fiduciaire. Du coup, en Grande Grèce, on trouve des pièces « fourrées », de même volume que les monnaies en argent massif ; ce sont des éponges de plomb parfaitement argentées, témoins de l'ingéniosité des monnayeurs officiels. L'usage du laiton se répand : d'après Dioscoride (ier s. apr. J.-C.), les Grecs cémentent le cuivre, non plus avec la calamine, mais avec un oxyde de zinc purifié.
Si Aristote mentionne le vif-argent, on attribue aux Romains la découverte du mercure, et l'usage de sa distillation. Après la mise en exploitation des minerais d'Espagne (ier s. apr. J.-C.), l'or est extrait par amalgamation. Le plomb est de plus en plus employé : pour la première fois on en fait des canalisations urbaines.
En Italie, comme dans tous les territoires conquis, les Romains ont largement exploité les ressources minières, établi des ateliers de toutes sortes, armes, monnaies, etc. Partout ils ont codifié les conditions de travail, de véritables experts encadrant les esclaves. Plutôt que d'innover, les conquérants ont su profiter des talents de forgerons des Saxons, des Britanniques, des Gaulois, « maîtres métallurges » ; toutefois ils reconnurent la haute qualité des fers venant d'Orient. Ils importèrent du « fer sérique » pensant que la Chine le produisait ; en fait, il s'agissait sans doute de l'acier au creuset élaboré, en Inde, directement à partir de la magnétite.
À la même époque, en effet, fut édifié le fameux pilier de fer de Delhi (310 apr. J.-C.), haut de vingt-deux mètres, qui s'est trouvé protégé de la corrosion grâce à la formation spontanée d'une mince couche de magnétite recouvrant le fer très peu carburé.
Après la chute de l'Empire romain, les techniques locales s'épanouissent librement, deviennent plus subtiles, comme le montrent les épées richement décorées des Scandinaves ou des Saxons, entre autres. Leurs assemblages s'apparentent à ceux de Damas ; on note en outre, chez les Mérovingiens, en sus du fer doux et du fer carburé,[...]
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Écrit par
- Adrienne R. WEILL : conseiller scientifique du laboratoire du musée du Louvre
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