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MÉTASTASE, ital. PIETRO TRAPASSI dit METASTASIO (1698-1782)

Poète italien né à Rome. Improvisateur applaudi dès l'âge de dix ans, Métastase est remarqué par Gian Vincenzo Gravina (1664-1718), un des fondateurs de l'Académie de l'Arcadie, qui le prend sous sa protection, grécise son nom de Trapassi en Metastasio et lui donne une éducation classique. Il est ensuite confié, en Calabre, au philosophe cartésien Gregorio Caloprese. En 1718, son protecteur meurt, lui laissant sa fortune et sa bibliothèque. L'année suivante, Métastase travaille à Naples dans l'étude d'un avocat. Mais ses poésies lui concilient vite les grâces de la bonne société napolitaine. En 1721, à la requête du vice-roi, il compose Les Jardins des Hespérides (Gli Orti Esperidi), qui marquent le début d'une longue série d'œuvres théâtrales : Didon abandonnée (Didone abbandonata, 1724), son premier mélodrame, qui connaît un immense succès, Caton (Catone in Utica, 1728), Artaxerxès (Artaserse, 1730), Olympiade (Olimpiade, 1733), La Clémence de Titus (La Clemenza di Tito, 1734), Attilius Regulus (Attilio Regolo, 1740), pour ne citer que les plus célèbres de ses pièces. Il composa en outre, au cours de sa carrière féconde, un grand nombre de livrets d'oratorios et de cantates.

Les biographes de Métastase placent généralement sa vie sous le signe de trois Marianne. La première, la cantatrice Marianna Bulgarelli, dite la Romanina, qui joue le rôle de Vénus dans Les Jardins des Hespérides, s'éprend du jeune auteur, l'introduit dans le milieu des musiciens et le pousse vers le mélodrame, genre le plus conforme à son génie, sur lequel reposera le plus clair de sa renommée. C'est à la Romanina, qui est pendant des années son inspiratrice et son guide dévoué, qu'il doit d'être appelé, en 1729, à la cour de Vienne dont il deviendra le poète officiel. La seconde Marianne, veuve du comte d'Althann, est dame de compagnie de l'impératrice. L'affection qui la lie au poète, après la mort de la première Marianne en 1734, est telle que certains parleront d'un mariage secret. La troisième muse du poète sera la jeune Marianne Martinez, fille du maître de cérémonies de la nonciature apostolique, chez qui il loge. Il lui portera un amour tout paternel, assurera son éducation, lui faisant en particulier donner des leçons de piano par un musicien qui deviendra célèbre : Joseph Haydn.

Alliant une sensibilité affinée par une lecture assidue du Tasse à une exceptionnelle maîtrise de langage et de style forgée à l'école de Gravina et de Caloprese, l'art de Métastase est souvent mièvre, mais toujours d'une extrême aisance. On a dit de lui qu'il imaginait des tragédies plus qu'il ne les sentait et, effectivement, beaucoup de ses héros tragiques tournent au pathétisme larmoyant. Il n'en reste pas moins, par son style aux effets savamment dosés, par la musicalité et la frappe impeccable de ses vers, le poète à succès par excellence : il est celui qui a su, mieux que tout autre, couler dans un moule attrayant les lieux communs sentimentaux et les idées en vogue dans la « bonne société » européenne de son temps.

— Paul LARIVAILLE

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