MÉTASTASES, médecine
Perspectives thérapeutiques
Ainsi, dans une très large mesure, le processus métastatique s'apparente-t-il à un réseau enchevêtré d'événements biologiques divers, allant de la production de nouveaux vaisseaux sanguins et lymphatiques à l'invasion du tissu conjonctif, à l'intravasation et l'extravasation, ou à l'inhibition de l'apoptose. Toutes les aptitudes cellulaires que le franchissement de ces étapes suppose ne reposent vraisemblablement pas sur des « gènes de la métastase ». Il semble plutôt que la tendance à métastaser manifestée par certaines cellules tumorales s'ancre sur l'expression de gènes utilisés physiologiquement pour le maintien et le remodelage de l'architecture tissulaire autrement dit de phénomènes normaux. Dans tous les cas, le microenvironnement offert par le stroma tumoral n'est pas neutre, mais il apparaît au contraire comme un acteur essentiel du processus métastatique.
Bien des découvertes faites récemment sur les mécanismes activateurs de la métastase pourraient déboucher dans un avenir que l'on espère proche sur de nouvelles méthodes de pronostic ou sur de nouvelles thérapeutiques. Par exemple, le taux d'uPA est un excellent indicateur pour le pronostic de l'évolution du cancer du sein, où il remplace avantageusement les indicateurs traditionnels. Les inhibiteurs de MMP sont, quant à eux, au stade d'évaluation clinique. Les premiers résultats enregistrés ne font pourtant pas état d'une efficacité significative de ces inhibiteurs sur des patients atteints de cancers déjà métastasés. Les conclusions des essais cliniques sont en revanche nettement plus encourageantes lorsque l'on prend en compte des cancers à des stades moins évolués ou que les anti-MMP sont utilisés en association avec une chimiothérapie traditionnelle. Une connaissance approfondie des mécanismes à l'œuvre dans la métastase doit ouvrir la voie à toute une nouvelle pharmacopée basée sur l'obtention d'inhibiteurs des signaux métastatiques. Les connaissances accumulées en oncologie nous ont amenés à considérer que le type de mécanisme qui gouverne la métastase varie suivant le type de cancer et l'organe cible de la métastase. Chaque cancer a donc sa propre signature moléculaire et les nouvelles thérapeutiques devront nécessairement prendre en compte la singularité de chaque cancer. Les techniques révolutionnaires d'imagerie médicale développées depuis peu, associées à des techniques analytiques, comme la protéomique ou les puces à ADN, permettront d'obtenir dès lors la signature moléculaire et génétique de chaque cancer, ce qui aidera à décider quel type d'inhibiteur ou quelle association médicamenteuse est le plus favorable.
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Écrit par
- Brigitte BOYER : directeur de recherche au C.N.R.S.
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