MÉTAUX RARES

Dans les pays développés, une inquiétude relayée abondamment par les médias a vu le jour depuis quelques années concernant l'approvisionnement en métaux rares. Ces derniers, encore appelés métaux mineurs, petits métaux, ou métaux high-tech ou technologiques (par opposition aux métaux industriels), sont produits en faible tonnage mais ils sont essentiels au développement d'industries innovantes de haute technologie, et tout particulièrement celles qui sont associées aux énergies vertes. Ils sont souvent confondus avec les terres rares, qui ne représentent qu'une famille de métaux rares constituée de dix-sept éléments. La crise provoquée en 2010 par la Chine vis-à-vis du Japon sur les terres rares a placé ce problème d'approvisionnement sur le plan politique et n'a fait qu'amplifier les inquiétudes. Pour satisfaire les fortes demandes attendues, l'offre en métaux rares sera-t-elle au rendez-vous ? Pourra-t-on éviter les crises potentielles annoncées ?

Un enjeu stratégique

Le développement de nouvelles technologies – permettant de faire face tant aux défis du réchauffement climatique et du développement durable qu'à la forte concurrence industrielle des pays émergents – est fondé sur de nouveaux matériaux. Tous les secteurs industriels sont concernés : les énergies vertes du photovoltaïque (technologies en couches minces de type CIGS – cuivre-indium-gallium-sélénium –, de type Cd-Te – cadmium-tellure – et de type multi-jonctions avec du germanium) et de l'éolien en mer (avec des générateurs électriques à très haut rendement impliquant plusieurs terres rares) ; les batteries Li-ion (lithium-ion) pour les véhicules hybrides et électriques ; les allègements, associés à la réduction des consommations de carburants, qui impliquent des aciers au niobium (Nb) et des alliages Al-Li-Ag (aluminium-lithium-argent) ; les métaux de la catalyse avec le platine (Pt), le palladium (Pd), le cobalt (Co), etc. ; les nouveaux écrans nécessitant davantage d'indium (In), la géolocalisation GPS nécessitant notamment du nitrure de gallium – GaN – pour les panneaux solaires des satellites ; les transistors (technologies Si-Ge – silicium-germanium –, Hf – hafnium – et GaAs – arséniure de gallium). Ces innovations impliquent l'utilisation non seulement d'une gamme accrue de métaux rares, mais aussi, le plus souvent, de quantités beaucoup plus importantes, ce qui signifie une rupture quant aux capacités minières et métallurgiques de l'offre actuelle. À ces demandes industrielles s'ajoutent des stockages stratégiques opérés par plusieurs pays industrialisés ainsi que de nouvelles demandes spéculatives pouvant conduire à provoquer une hausse des cours, voire une rupture d'approvisionnement (pénurie).

En amont, l'offre minière et métallurgique est soumise à des contraintes croissantes : régulations environnementales, restrictions à l'exportation, situations monopolistiques, risques géopolitiques, substitutions, forte volatilité des cours, absence de places de marché, difficulté d'établir des prix à long terme et de financer les projets, inélasticité de certains sous-produits, recyclage...

Dans ce nouveau contexte, quelles sont les actions possibles à entreprendre à différents niveaux (entreprises, groupement d'entreprises, national, européen) et avec différents laps de temps (court, moyen et long termes) pour approvisionner le marché, c'est-à-dire satisfaire la demande des industriels manufacturiers sans crise, ni pénurie de matières premières ?

La question fondamentale posée est en fait la suivante : comment assurer à temps l'approvisionnement régulier des industries pour lesquelles ces alliages et composés chimiques élaborés à partir de métaux rares sont indispensables, alors même que leur disponibilité présente des[...]