MÉTEORITE ALLENDE
Allende : la météorite de référence
La grande quantité de roches appartenant à la météorite Allende a permis de réaliser toute une série d’analyses dans de nombreux laboratoires à travers le monde. C’est la Smithsonian Institution de Washington, ayant déjà organisé la première récolte de ces pierres extraterrestres, qui a eu l’idée de faire de cette météorite une référence à laquelle toutes les autres météorites pourraient être comparées. Ainsi, jusque dans les années 1980, des chercheurs du monde entier ont reçu des échantillons pour analyser la composition de cette météorite. En février 1987, Eugene Jarosewich et ses collègues ont publié les données sur cette toute première météorite de référence.
Allende a été classée comme étant une chondrite de type CV3. Ce sigle a la signification suivante : « C » pour la présence de carbone ; « V » pour Vigarano, nom de la météorite tombée le 22 janvier 1910 en Italie (près du village éponyme) et à laquelle Allende ressemble ; « 3 » faisant référence à un faible degré de transformation. Cette météorite est constituée de matériaux qui se sont condensés directement des gaz du disque protoplanétaire du système solaire, à différentes températures, et sa composition approche celle du Soleil. Après la condensation de l’astéroïde parent, celui-ci a été légèrement réchauffé (vers 350 0C), du fait de la présence d’éléments radioactifs de courte durée, mais pas suffisamment pour provoquer la formation d’un noyau métallique (demandant une température de plus de 1 200 0C) – d’où la classification en « 3 » de cette météorite. Ce phénomène a toutefois eu un effet significatif sur les composés volatils (eau, molécules carbonées…) qui se trouvent, en conséquence, en quantités très réduites.
Allende a un aspect grossièrement granuleux. Au sein d’une matrice sombre se trouvent les chondres (ou chondrules) qui sont des inclusions sphériques de taille variant de 500 micromètres (µm) à 2 000 µm (soit 2 millimètres), caractéristiques des chondrites et composées principalement de pyroxène et d’olivine. D’autres grains plus clairs, plus gros et de forme irrégulière sont des inclusions minérales riches en calcium et en aluminium. Appelées CAI (pour calcium aluminium inclusions), elles ont été formées tout au début de la condensation du disque protoplanétaire, lorsque les températures au niveau de ce dernier étaient encore assez élevées (supérieures à 1 000 0C). Elles datent de 4 567 millions d’années, c’est-à-dire qu’elles sont antérieures à l’âge de la Terre (4 543 millions d’années). Quant à la matrice sombre, elle est constituée de minuscules minéraux (de l’ordre du nanomètre jusqu’à une dizaine de micromètres) riches en fer (fayalite, clinopyroxène, spinelle, troilite). Allende contient aussi des diamants de taille nanométrique, du graphite, du carbure de silicium et des oxydes qui existaient avant la formation du système solaire. Cependant, de nouvelles données, obtenues notamment grâce à l’augmentation de la résolution et des performances des instruments, suggèrent qu’une partie de ces diamants aurait été formée dans le disque protoplanétaire du système solaire et non antérieurement.
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Écrit par
- Frances WESTALL : directrice de recherche au CNRS
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Média