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MÉTÈQUES

Place dans la vie de la cité

À combien pouvait s'élever le nombre des métèques à Athènes à l'époque classique, et quelle était leur importance par rapport aux citoyens ? Ce sont là questions dont les historiens modernes n'ont pas fini de débattre. En effet, on ne possède pratiquement aucune indication chiffrée à ce sujet avant la fin du ive siècle, où un texte discutable et tardif évalue à 10 000 le nombre des métèques et à 21 000 celui des citoyens. Au ve siècle, au moment où débute la guerre du Péloponnèse, le nombre d'hoplites métèques dont dispose Athènes représente à peu près le tiers du nombre des hoplites citoyens et l'on a pu, partant de ces données très fragmentaires, évaluer le nombre des métèques à 15 000 à la fin du ve siècle.

Ces métèques constituent donc un groupe important dans la cité. Pour la plupart, ils sont artisans ou commerçants. L'un des mieux connus à la fin du ve siècle est l'armurier Kephalos qui possède au Pirée un atelier où travaillent 120 esclaves. Képhalos est un Syracusain d'origine, venu s'établir à Athènes pour y exercer son métier pendant la guerre du Péloponnèse. Fort riche, il a rempli de nombreuses liturgies et fait donner à ses fils, Lysias et Polémarque, une éducation soignée. Dans sa maison se réunissent les esprits les plus brillants de l'Athènes de la fin du ve siècle, et Platon y situe le cadre du dialogue de La République. Affranchi, l'ancien esclave Pasion reçoit d'abord le statut de métèque et dirige la plus grande banque d'Athènes avant de recevoir la citoyenneté athénienne pour prix des services rendus à la cité. Les plaidoyers de la seconde moitié du ive siècle évoquent un grand nombre de métèques armateurs ou commerçants en gros.

Mais d'autres ont des activités plus modestes : ouvriers sur les chantiers de construction publique ou dans les mines et les arsenaux, aubergistes, cuisiniers, petits revendeurs sur l'agora, boutiquiers, parfumeurs ou encore entremetteurs, loueurs de joueuses de flûte.

D'autres, enfin, exercent la médecine ou sont venus à Athènes pour suivre les leçons des philosophes, voire pour y ouvrir leur propre école. On suppose généralement, sans en être sûr, qu'Aristote et Zénon ont eu le statut de métèque. Tenant entre leurs mains une partie de l'activité économique d'Athènes, jouant parfois un rôle important dans la vie intellectuelle de la cité, les métèques n'en restent pas moins des étrangers et comme tels demeurent à l'écart de la vie politique. La politique de la cité se décide, en effet, au sein d'assemblées où seuls les citoyens ont droit à la parole et le plus humble d'entre eux pèse d'un plus grand poids que le plus riche métèque.

Pourtant, les métèques ont été amenés à plusieurs reprises à jouer un certain rôle dans l'histoire politique de la cité. En 415, à la veille de l'expédition athénienne en Sicile, des métèques se sont trouvés impliqués aux côtés d'Alcibiade dans l'affaire de la mutilation des hermès, ces bornes de pierre qui étaient placées à l'entrée des maisons et aux carrefours. En 404, lorsque, après la défaite d'Athènes, un gouvernement oligarchique avait été placé à la tête de la cité, des mesures furent prises contre les métèques riches, et un certain nombre d'entre eux, dont Lysias, le fils de Kephalos, réussirent à s'enfuir auprès du démocrate Thrasybule qui, de Thèbes, préparait la restauration de la démocratie. Thrasybule, vainqueur, proposa que la citoyenneté fût accordée aux métèques qui avaient défendu la démocratie, mais sa proposition fut rejetée.

Cela, joint à certaines difficultés économiques d'Athènes au début du siècle, eut pour effet d'éloigner certains étrangers de la cité. Dans son traité des [...]

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  • ANTIQUITÉ - Le droit antique

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    ...régime politique, de leurs relations extérieures, de leur législation. Tous les hommes libres athéniens, à l'exception des étrangers, même résidents (« les métèques »), ont accès à l'Assemblée (ecclesia). Les magistratures et l'accès au conseil (boulè) ne sont limités que par des considérations...