MÉTHANE ET CLIMAT
Rôle du méthane dans le climat
Le méthane est le deuxième gaz à effet de serre d’origine anthropique (et le troisième gaz à effet de serre, le premier étant la vapeur d’eau) en termes de concentration dans l’atmosphère, après le CO2, mais avec un potentiel de réchauffement global 28 fois plus élevé que ce dernier sur une période de cent ans et 80 fois sur une durée de vingt ans. Ainsi, le méthane à lui seul est responsable d’environ 20 % du réchauffement de la planète Terre. Sa relative courte durée de vie et sa concentration 200 fois plus faible que celle du CO2 expliquent pourquoi il a été l’objet d’une attention moindre de la part de la communauté scientifique et des responsables politiques. Toutefois, l’augmentation de sa concentration dans l’atmosphère depuis 2007 lui a valu un regain d’intérêt, se matérialisant notamment par un accord d’engagement de réduction d’émissions de méthane lors de la 26e Conférence des parties (COP 26) de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui s’est tenue du 31 octobre au 13 novembre 2021 à Glasgow (Royaume-Uni).
Influence du méthane sur le climat
Le rayonnement solaire qui atteint la surface de la Terre est partiellement absorbé et transformé sous forme de chaleur. Comme tout corps chaud, la surface terrestre va émettre cette énergie thermique sous forme de rayonnement infrarouge (entre 4 et 100 µm de longueur d’onde). La structure moléculaire du méthane lui confère une grande liberté dans ses mouvements de rotation et de vibration qui lui permettent d’absorber l’énergie du rayonnement infrarouge thermique (autour de 10 µm) pour passer d’un état fondamental à des états excités de rotation-vibration. À l’équilibre thermodynamique, l’énergie absorbée peut être réémise et donc réchauffer les couches atmosphériques dans lesquelles le méthane est présent (effet de serre).
Le méthane joue également un rôle direct dans l’équilibre chimique de l’atmosphère et sa capacité oxydante. En effet, il affecte la quantité d’ozone ou de vapeur d’eau, et son oxydation est une source importante de CO2, de CO ou encore de COV. De plus, de façon indirecte, comme le mécanisme d’oxydation du CH4 par le radical hydroxyle OH est très important, une augmentation de la concentration de méthane entraîne une réduction de la concentration d’OH, qui n’est donc plus disponible pour dégrader d’autres espèces polluantes ou à effet de serre telles que le CO, les oxydes d’azote (NOx) ou les hydrocarbures.
Influence du climat sur la concentration de méthane
La quantification de la rétroaction climatique du méthane, c’est-à-dire l’impact du changement climatique sur les émissions de méthane, est plus difficile et reste un sujet d’étude scientifique majeur. En effet, le réchauffement climatique s’accompagne d’une hausse des températures, d’une augmentation de l’humidité de l’air et d’un accroissement des zones humides, parallèlement à une diminution de la surface des terres émergées sous l’effet de la montée des eaux.
On peut s’attendre tout d’abord à une augmentation des émissions de méthane en zone humide, notamment à haute et moyenne latitudes, de même qu’à un dégazage plus important lié au dégel du pergélisol en zone subarctique, ou encore à la déstabilisation des hydrates de méthane dans les zones côtières, ainsi que dans l’océan Arctique, qui se réchauffe plus rapidement. À l’inverse, un accroissement des périodes de sécheresse et des surfaces menacées de désertification entraînent une nette diminution de la capacité des sols à émettre du méthane. Ainsi, les mécanismes d’émissions de méthane mettent en jeu des processus complexes et très diversifiés qu’il est difficile d’estimer dans leur ensemble.
De même, la modification des émissions naturelles de gaz réactifs affecte[...]
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Écrit par
- Hervé HERBIN : professeur des Universités, université de Lille
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Médias