- 1. Considérations historiques
- 2. Qu'est-ce que la méthode ?
- 3. Différentes méthodes pour différentes sciences ?
- 4. L'hypothèse et l'expérience mentale
- 5. L'hypothèse, l'induction et l'analogie
- 6. Des techniques d'expérimentation ?
- 7. Méthodes et philosophie
- 8. Méthode et pragmatisme
- 9. Bibliographie
MÉTHODE
Le mot « méthode », d'origine grecque, signifie chemin : celui, tracé à l'avance, qui conduit à un résultat. La méthode ou bien se rapporte à la meilleure façon de conduire un raisonnement, ou bien est un programme de recherche (Aristote : Essayer d'expliquer les causes, celles des propriétés communes autant que celles des propriétés particulières). En la première acception, elle comprend la logique sans s'y confondre. Le Vocabulaire de Lalande signale que le mot figure dans Platon et dans Aristote avec le sens de doctrine ou de connaissance : rencontre suggestive quand on sait qu'en mathématiques il y a réciprocité entre théories et méthodes.
Une méthode répond d'abord à une question pratique : comment faire, quoi entreprendre, afin d'atteindre un but donné. Le domaine du savoir n'est pas exclusif du faire ; nous avons besoin de sortir de nous-même pour nous assurer de la justesse de nos idées et recueillir de l'information. Cette composante d'action, que comporte la connaissance, c'est ce que nous appelons expérience. L'expérience n'est jamais entièrement passive. Systématiquement provoquée, elle s'appelle expérimentation. La méthode apparaît avec l'exercice de la volonté qui dirige : « L'expérience méthodique de l'homme commence à l'instant où il fixe son attention et la dirige à un but qu'il détermine lui-même » (C. Renouvier). Cela étant, la méthode combine deux éléments, pratique et théorique, ou deux composantes, l'observation, seule ou aidée de l'expérimentation, d'une part, et le système ou l'explication d'une autre part. Descartes explique plutôt qu'il n'observe ; C. Bernard, Pasteur interrogent la nature plutôt qu'ils ne l'expliquent. E. Mach distingue les deux mêmes éléments, qu'il appelle l'adaptation des représentations aux faits et l'adaptation des représentations entre elles. Elles se complètent spontanément, sans aller, dans les circonstances ordinaires, au-delà de ce que demandent les nécessités biologiques. La recherche scientifique commence quand on poursuit ces deux processus intentionnellement. L'adaptation des pensées aux faits constitue l'observation ; l'adaptation des pensées entre elles, la théorie. Pour les premiers degrés d'adaptation (des pensées aux faits ou des pensées entre elles), percevoir ou combiner des impressions suffit ; ensuite, on expérimente ou bien on considère des classes de faits dont on abstrait des caractéristiques.
Considérations historiques
Ce n'est pas un hasard que l'invention et les premiers développements de l' algèbre coïncident avec le renouveau de l'idée de méthode : à l'origine, l'algèbre se présente comme un système de règles opératoires qui prescrivent comment transformer des symboles indépendamment de leur interprétation. Elle possède donc le caractère essentiel d'une méthode, pouvoir s'appliquer à un nombre indéfini de situations formellement semblables. En principe, ses lettres figurent pour des nombres quelconques, mais l'algèbre peut donner l'idée d'une méthode qui porterait sur la combinaison de concepts.
On peut aussi avoir à combiner des faits. Observation et expérimentation existaient dans l'Antiquité : Aristote a pratiqué la première autant que le permettaient les conditions techniques. La méthode dont il donne un exposé canonique (« Organon ») est une logique de certains types de raisonnement déductif (syllogistique). Lui-même ne l'utilise jamais d'une façon explicite dans ses œuvres scientifiques. La logique vient à bon droit au premier rang des méthodes, puisqu'elle est valable quelle que soit la réalité à décrire ; seulement, comme nous l'apprenons en même temps que[...]
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Écrit par
- Jean LARGEAULT : professeur à l'université Paris-XII-Val-de-Marne, Créteil
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