- 1. Considérations historiques
- 2. Qu'est-ce que la méthode ?
- 3. Différentes méthodes pour différentes sciences ?
- 4. L'hypothèse et l'expérience mentale
- 5. L'hypothèse, l'induction et l'analogie
- 6. Des techniques d'expérimentation ?
- 7. Méthodes et philosophie
- 8. Méthode et pragmatisme
- 9. Bibliographie
MÉTHODE
Méthodes et philosophie
On a souvent noté que les disciplines les moins avancées ou les plus pauvres en grands résultats font le plus de place aux discussions méthodologiques. Elles se perdent dans les préalables. Le vrai est que la méthode ne précède pas la connaissance, elle la suit, on le voit sur l'exemple des mathématiques. Quand ils ont résolu un problème, les mathématiciens en tirent la leçon. La réussite suggère un principe de recherche, qui prend une autorité de méthode. « Celle-ci a été mise en œuvre dans l'investigation, mais elle n'était pas formulée avant d'être effectivement suivie. Loin d'avoir engendré la recherche, elle en a été le fruit » (A. Denjoy, in F. Le Lionnais dir.). Le dogme contraire – l'antériorité de la méthode par rapport à la recherche ou à la connaissance – est typique de l' idéalisme. En effet, si le principe de la connaissance de l' objet est l'objet lui-même ( réalisme), il serait paradoxal qu'on sache comment on le connaît avant d'en avoir une connaissance. Si au contraire le principe de la connaissance de l'objet est la pensée ou la structure mentale du sujet connaissant (idéalisme), la méthode pourra posséder une consistance indépendamment de ce à quoi elle s'applique. Il ne sera pas déraisonnable de supposer qu'une méthode puisse légiférer pour les sciences en général et pour la philosophie (méthode cartésienne, rationalisme critique, « systèmes de l'examen », où les énoncés sur les choses sont dévolus aux sciences, et l'établissement d'« énoncés de méthode », entendons de critères de signification, assigné à la philosophie).
En métaphysique, on raisonne sur des concepts, ce qui exige qu'on accorde une grande attention à leur cohérence. Ainsi on devrait tenir compte que telles ou telles thèses soit s'impliquent, soit se contredisent (par exemple nécessité ou déterminisme sont incompatibles avec une doctrine de la transcendance : le contingent ne se laisse déduire que dans les systèmes panthéistes, ou de l'absolu et de l'infini suivant la terminologie de C. Renouvier). Une philosophie est un système, non pas la réunion de quelques thèses ingénieuses.
On pourrait distinguer une méthode réaliste et une méthode idéaliste. Selon la première, l'être est la condition du connaître ; l'objet est cause de la connaissance. C'est ce que croit toute personne sensée, et que croyaient la plupart des scientifiques, avant la théorie des quanta. La méthode idéaliste consiste à chercher dans le sujet connaissant les conditions de la connaissance. De ce que tout est donné dans la pensée ou dans la représentation, les philosophes de cette école concluent que tout est donné par la pensée ou par la représentation. L'au-delà de la représentation étant supprimé, le contenu de la représentation accapare toute l'attention ; il devient l'objet principal d'étude, qui prend le nom de critique de la connaissance. Un criticisme (ou une philosophie de l'examen) ne se confond pas avec une attitude précautionneuse dans le maniement logique des concepts et des jugements fournis par l'expérience intuitive (comme font les mathématiciens, quand ils définissent avec soin la notion de polyèdre) ; c'est une attitude de méfiance et de soupçon systématique à l'égard de ce qui vient de l'objet et de tout donné supposé extérieur à la représentation. « L'esprit critique exprime la résolution de soumettre les faits au traitement qui convient pour que rien en eux ne résiste plus à l'esprit. La politique à suivre pour y parvenir est de substituer partout le point de vue de l'observateur à celui de l'observé » (E. Gilson).
La philosophie moderne est idéaliste. D'abord Descartes essaie de déduire de la pensée l'existence[...]
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Écrit par
- Jean LARGEAULT : professeur à l'université Paris-XII-Val-de-Marne, Créteil
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