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MÉTHODISME

Expansion, scissions et regroupements

Le méthodisme s'organisa selon un principe centralisateur : plusieurs sociétés locales formaient un « circuit » dirigé par deux ou trois prédicateurs itinérants et un superintendant ; le district rassemblait cinq à dix circuits. En 1784, Wesley avait nommé une « conférence » de cent prédicateurs qu'il convoqua ensuite annuellement. La grande majorité des prédicateurs étaient originellement des laïcs, ce qui accentua l'hostilité de l'Église établie et créa des difficultés avec le pouvoir civil. Leur ministère itinérant, dont Wesley avait donné lui-même l'exemple, permit à la nouvelle organisation de se développer rapidement. À la mort de son fondateur, le méthodisme était déjà la communauté dissidente la plus nombreuse, mais de nouvelles scissions ne tardèrent pas à éclater.

En Grande-Bretagne, les divisions survenues après 1791 furent motivées par des différences dans la manière de concevoir l'autorité ecclésiastique ou dans les usages liturgiques. De son vivant, Wesley dominait assez autoritairement la conférence, mais par la suite des luttes d'influence se firent jour et il fut décidé que la présidence changerait chaque année. Peu à peu la thèse du pastorat collectif l'emporta, puis, bien plus tard il est vrai, des laïcs furent admis à siéger à la conférence et, au milieu du xxe siècle, ils formeront la moitié de ses membres. La lenteur de ce mouvement de démocratisation provoqua des schismes et notamment la création de la Nouvelle Connexion méthodiste (1797) et des Méthodistes primitifs d'Angleterre (1812). D'autres dissidents se groupèrent en 1857 dans l'Église libre méthodiste unie. Un processus de réunification se trouvait ainsi amorcé. En 1907, plusieurs branches du méthodisme constituèrent l'Église méthodiste unie, qui devint, en 1932, après un nouvel apport, l'Église méthodiste.

Depuis leur indépendance, les États-Unis étaient pratiquement dépourvus d'un ministère anglican. Thomas Coke, que Wesley, se comportant en évêque charismatique, ordonna surintendant, deviendra évêque de l'Église méthodiste épiscopale fondée à Baltimore en 1784. Les succès rapides du méthodisme dans le Nouveau Monde s'expliquent par l'activité itinérante des ministres wesleyens et aussi par le caractère vibrant et sentimental de leur prédication. Mais, là encore, des schismes se produisirent ; de nouvelles organisations comme l'Église méthodiste protestante se caractérisèrent par la mise en question de l'épiscopalisme. À partir de 1840, le problème de l'esclavage scinda en deux l'Église épiscopale. À la fin du xixe siècle, un rapprochement s'esquissa, mais il progressa lentement, les méthodistes du Sud craignant l'influence des méthodistes noirs au sein de la future Église unie. Cependant, à Kansas City, en mai 1939, une conférence d'union donna naissance à l'Église méthodiste, qui devint l'une des confessions protestantes les plus importantes des États-Unis.

Il faut noter aussi que, si le méthodisme américain insista, jusqu'à la guerre civile, sur l'expérience de la sanctification et sur les manifestations physiques et psychiques qui l'accompagnaient, il prit ensuite ses distances à l'égard de pratiques qui lui semblaient trop émotionnelles. Il était devenu « respectable » et jouissait d'une certaine prospérité. Ceux qui voulurent poursuivre la tradition primitive fondèrent des Églises dissidentes (Holiness Church), dont les plus connues furent la Pilgrim Holiness Church et la Church of the Nazerene.

La structure du camp meeting permit d'offrir un refuge religieux aux Américains mal à l'aise dans une société qui s'industrialisait. Des adhérents d'autres dénominations furent attirés par le mouvement. Mais peu à peu une « routinisation[...]

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  • : directeur d'études émérite du groupe Sociétés, religions, laïcités au C.N.R.S.

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