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MÉTHODISME

Tendances caractéristiques du méthodisme

Le méthodisme se caractérise par l'insistance qu'il met sur la sanctification, par le rôle important qu'il joue au sein de l'œcuménisme et, pour certains, malgré ses efforts d'évangélisation auprès des classes populaires, par une relative timidité en matière sociale.

La théologie méthodiste, qui se fonde sur les sermons de Wesley, ne diffère pas, pour l'essentiel, des Trente-Neuf Articles de la Réforme anglaise. Toutefois, le mouvement se divise entre calvinistes et arminiens. D'autre part, face à l'extrémisme morave de la foi seule, Wesley élabora une doctrine de la sanctification qui fut très controversée et qui prétendait conserver l'enseignement de Luther : Dieu nous justifie de sa propre miséricorde par les seuls mérites de son Fils ; c'est par la foi que nous saisissons cette promesse. Mais, en même temps, Wesley réintégra la notion d'œuvre dans le concept même de foi. Ses adversaires l'accusèrent alors de considérer les œuvres comme un complément indispensable de la foi et non comme un simple développement de celle-ci. Pour Wesley, qui ne céda pas devant ces attaques, si François de Sales avait ignoré la nature de la justification, il avait rendu compte de la sanctification d'une manière authentiquement scripturaire. Selon G. Cell, le fondateur du méthodisme voulait ainsi réaliser la synthèse de la doctrine protestante de la grâce et de l'éthique catholique de la sainteté. J. Orcibal a mis en lumière l'influence de certains courants catholiques mystiques continentaux sur la pensée de Wesley.

Les diverses tendances du méthodisme continuent de lier foi justifiante et foi sanctifiante. La sanctification n'est pas seulement l'accomplissement d'actions bonnes, elle est essentiellement une « disposition de l'âme » qu'on acquiert progressivement.

Si, par là, le méthodisme a adopté une position qui a souvent été considérée comme catholicisante, il se trouve, d'autre part, par sa théologie, son organisation et ses préoccupations pratiques, à la charnière de différents courants du protestantisme. Certains de ses adeptes adhérèrent ensuite à diverses dénominations baptistes ou indépendantes auxquelles ils donnèrent une impulsion nouvelle. En outre, au sein de l'Église anglicane, des clergymen poursuivirent l'œuvre de rénovation interne voulue par Wesley et Whitefield. Sans rompre avec leur hiérarchie, ils se constituèrent, vers 1800, en « parti évangélique ». Aujourd'hui, l'Église d'Angleterre et l'Église méthodiste ont des contacts réguliers et amicaux. Aux ÉtatsUnis, les méthodistes ont soutenu dès le début le mouvement œcuménique dont ils ont rapidement constitué le centre. Enfin, au Canada et en Inde du Sud, ils participent à des tentatives de regroupement de plusieurs dénominations qui prennent le titre d'Églises unies.

Considéré par certains comme un réformateur social pour ses fondations charitables (école gratuite, société de prêt, dispensaires), Wesley resta cependant toute sa vie un conservateur et il orienta dans ce sens le méthodisme, dont beaucoup de membres, d'ailleurs, s'embourgeoisèrent assez rapidement.

Aux États-Unis, le mouvement qui travailla activement à la conversion des Noirs commença par mettre l'esclavage hors la loi, mais très vite les méthodistes du Sud pactisèrent avec cette institution. Le Nord reste abolitionniste ; cependant les méthodistes noirs créèrent deux Églises autonomes car leurs coreligionnaires blancs n'adoptaient pas envers eux un comportement très fraternel. Mackenzie a montré le soutien idéologique apporté par le méthodisme américain à l'expansionnisme des États-Unis considéré comme « le sens de la justice et du droit, la conscience de l'Amérique écoutant la voix de Dieu » ([...]

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite du groupe Sociétés, religions, laïcités au C.N.R.S.

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