METROPOLIS (F. Lang)
Une nuit de 1925 le producteur Erich Pommer et Fritz Lang découvrent les gratte-ciel de Manhattan. Le film qui naîtra de cette vision conclura un triptyque commencé avec Mabuse, le joueur, « tableau d'une époque », et poursuivi avec la légende ancienne des Nibelungen. Ce ne sont pas seulement les moyens mis à la disposition du réalisateur qui font de Metropolis, « drame de l'avenir », un des premiers chefs-d'œuvre de la science-fiction au cinéma : décors gigantesques, maquettes d'une extrême rigueur, androïde à l'image exacte de l'héroïne incarnée par Brigitte Helm... On peut encore critiquer la conclusion, attribuée à Thea von Harbou, alors collaboratrice et épouse de Lang, et qui passera bientôt dans le camp nazi : le cœur comme médiateur entre patrons et ouvriers. Reste la vision hallucinée d'un futur – notre présent – où une ville est identifiée à un dieu-machine et dévorant, Moloch, et où l'espèce humaine apparaît en proie à une lutte entre le monde supérieur (une classe dirigeante et oisive) et le monde inférieur : une masse d'exploités en danger de mort permanent qui tente, en vain, de se révolter... Metropolis n'est-il pas, plus que jamais, une « tragédie de notre temps » ?
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Média