MIAO ET YAO
Chamanisme et organisation clanique
Ces bijoux ne sont pas seulement un signe de richesse et une satisfaction esthétique, ils ont aussi un rôle religieux. Ils séduisent les âmes (l'être humain en possède trois) qui, ainsi, ne quittent pas le corps. En effet, lorsqu'elles partent vagabonder, comme dans le rêve ou sous l'effet d'une peur ou d'une souffrance, ou encore d'une cause occulte, elles risquent d'être la proie de mauvais esprits invisibles et de causer la maladie et la mort. Il faut alors quérir le chaman : ce spécialiste de l'au-delà interroge ses esprits auxiliaires à l'aide de deux moitiés de corne de buffle utilisées comme des dés et, selon la réponse, il effectue telle ou telle séance chamanique. Un animal – porc, chien, ou chèvre – est tué rituellement. Son « double » (ou son « âme ») servira de monture dans l'au-delà. Le chaman se met à « trembler » : il tombe en transe en chantant et en gesticulant selon un rythme défini. Les paroles de son chant décrivent son « voyage » dans les mondes étranges qu'il est censé parcourir à la recherche de l'âme du malade. Lorsqu'il l'a retrouvée, capturée ou rachetée à un génie redoutable, il la réconforte et la ramène sur place. Ces séances, parfois impressionnantes, peuvent, chez les Miao, durer plusieurs heures.
La structure sociale de ces populations est fondée sur le clan à filiation patrilinéaire. L'exogamie clanique est rigoureuse : les gens portant le même nom se considèrent comme parents proches et ne peuvent pas se marier entre eux. Des régions plus ou moins vastes sont dominées par un clan puissant, mais cette influence relative (sauf circonstances exceptionnelles de guerre) n'a pas déterminé une organisation hiérarchique de type féodal. Excepté le chamanisme qui se situe en dehors de lui, le clan est le cadre dans lequel se pratiquent tous les rituels. On a dénombré une quinzaine de clans parmi les Hmong implantés hors de Chine.
La littérature orale est considérable et mal connue. Elle est surtout composée de chants traditionnellement retransmis qui évoquent souvent le destin, la mort, la renaissance et sont empreints d'une grande mélancolie. Garçons et filles Miao connaissent beaucoup de chansons lestes, indispensables aux grandes fêtes du nouvel an. La nuit, de part et d'autre des cloisons de bois, ils utilisent une petite guimbarde de cuivre pour se donner des rendez-vous d'amour. Les hommes bons joueurs d'orgue à bouche acquièrent la renommée la plus enviable en pays Miao.
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Écrit par
- Guy MORÉCHAND : membre de l'École française d'Extrême-Orient
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