HAHN MICHAEL (1758-1819)
Piétiste souabe, intéressant non seulement pour son influence sociologique mais aussi pour l'intérêt théosophique de ses écrits (voir Joachim Trautwein, Die Theosophie Michael Hahns und ihre Quellen, Stuttgart, 1969). Son action, distincte de celle des frères moraves, occupe une place originale dans l'histoire du sentiment religieux. Né à Altdorf dans une famille paysanne, Hahn se nourrit très tôt de la lecture de mystiques tels que Tersteegen, Bengel, Jung-Stilling, Lavater, Gottfried Arnold, Pordage, mais surtout de Böhme et d'Œtinger. Certain d'être conduit directement par Dieu, Hahn prétend obtenir des illuminations de longue durée. Sa « vision centrale » (Zentralschau), c'est ainsi qu'il appelle son illumination, lui permet d'acquérir une connaissance claire des liens qui unissent Dieu, l'homme et l'univers ; à ce titre, on peut comparer Hahn à Böhme. D'ailleurs, l'influence du philosophe teutonique reste sensible dans toute son œuvre. Les notions d'Ungrund et d'Urgrund ressemblent à celles de Böhme, avec des différences importantes toutefois. Böhme et Hahn mettent l'accent sur la dualité au sein de l'Ungrund. Au contraire, Œtinger insiste sur l'unicité fondamentale et ontologique de la divinité, sur la ruhende Fülle telle que la représente généralement l'En Soph de la kabbale. Bien que Hahn n'ait pas développé de système théosophique complet, ses écrits manifestent une étonnante faculté d'adaptation logique. Il parle volontiers de l'androgynéité, de la chute, de l'apocatastase de Sophia. Mais les Michelianer, c'est-à-dire les disciples de Michael Hahn, réunis en écoles de tendance piétiste, semblent peu touchés par l'aspect théosophique de son œuvre.
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Écrit par
- Antoine FAIVRE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section), professeur à l'université de Bordeaux-III
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