PHELPS MICHAEL (1985- )
Certes, une formule journalistique éculée vient rappeler que tous les records sont faits pour être battus. Néanmoins, personne ne pensait que la performance réalisée aux Jeux de Munich en 1972 par le nageur américain Mark Spitz (7 courses, 7 médailles d'or, 7 records du monde) puisse un jour être mise à mal. Pourtant, les images de l'homme au slip de bain en Nylon-élasthanne aux couleurs du drapeau américain, à la généreuse moustache et à la chevelure en broussaille diffusées dans toutes les rétrospectives consacrées à l'histoire des jeux Olympiques ont soudain pâli. À l'issue des Jeux de Pékin, en 2008, l'archétype de l'homme-poisson portait pantalon moulant ou combinaison aérodynamique futuriste et bonnet de bain noir ; il ne se nommait plus Mark Spitz, mais s'appelait Michael Phelps. Ce dernier avait fait mieux que son compatriote : huit courses, huit médailles d'or, assorties de sept records du monde.
Des qualités physiques exceptionnelles et un mental d'acier lui ont permis de relever son formidable défi. Michael Phelps présente en effet la morphologie idéale du nageur. Grand (1,93 m), il se distingue par un long torse, qui lui permet de « glisser » sur l'eau, et par une envergure de bras (2 m) supérieure à sa taille, qui l'autorise à aller « chercher l'eau » plus loin que d'autres. Un torse légèrement concave, un dos un peu courbé, une grande flexibilité des épaules, des coudes et des chevilles, et il peut réaliser des virages parfaits et d'étonnantes coulées sous-marines. En outre, sa capacité de récupération à l'issue d'un effort violent (17 minutes pour revenir à la normale) est digne de celle des plus grands champions cyclistes. Quant à son mental, il s'appuie sur le culte de la victoire, une concentration absolue à l'approche de chaque course, qu'il gère méthodiquement comme une routine forgée au fil des années. Enfin, il semble ne s'épanouir que dans la démesure : il voulait, selon ses propres termes, « nager contre les meilleurs du monde à chaque épreuve et enchaîner les courses comme jamais personne ne l'a essayé avant ».
La formation d’un champion, les premières réussites
Michael Phelps, dernier d'une famille de trois enfants, est né le 30 juin 1985 à Baltimore (Maryland). Rien ne le prédisposait à devenir un jour un dieu de l'Olympe. En effet, l'enfant souffre d'un trouble de l'attention et d'hyperactivité. De longs bras, des grandes oreilles, tout concourt à complexer le gamin, couvé par sa mère, Debbie, une principale de collège quelque peu attristée à la lecture de chacun des bulletins scolaires de son rejeton ; pour certains de ses camarades de classe, il devient même une tête de Turc idéale ; en outre, il a... peur de l'eau. Pourtant, dans ces souffrances, le futur champion va se forger un mental d'airain. Le gamin se lève tous les jours à quatre heures du matin pour suivre ses sœurs aînées, Hilary et Withney, de bonnes nageuses qui s'entraînent au North Baltimore Athletic Club et ambitionnent de participer aux Jeux d'Atlanta en 1996. Pour Michael, l'objectif est de vaincre son aversion pour l'élément liquide, afin de se livrer à une activité physique régulière et de pouvoir s'affranchir de son traitement au Ritalin®.
Une rencontre va sceller son destin : Bob Bowman, coach au North Baltimore Athletic Club, a détecté un immense potentiel chez cet enfant de onze ans au torse long, et décide de le prendre sous son aile. D'emblée, il propose à Debbie un plan de carrière pour son fils qui s'étend jusqu'à... 2008 ! Bowman devient aussi une figure paternelle de substitution – le père a quitté la maison familiale alors que Michael avait sept ans. Phelps et Bowman vont dès lors former un indissociable binôme. Néanmoins, les rapports entre[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
-
ATHÈNES (JEUX OLYMPIQUES D') [2004] - Chronologie
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 5 212 mots
- 1 média
Début des compétitions de natation, au centre olympique aquatique d'Athènes : l'Américain Michael Phelps remporte le 400 mètres quatre nages (4 min 8,26 s, record du monde) ; comme en 2000, l'Australien Ian Thorpe gagne le 400 mètres (3 min 43,10 s), devançant de peu son compatriote Grant... -
JEUX OLYMPIQUES
- Écrit par Jean DURRY , Encyclopædia Universalis et Pierre LAGRUE
- 14 654 mots
- 11 médias
...jamaïquain Usain Bolt remporte les 100, 200 et 4 fois 100 mètres en battant à chaque fois le record du monde – un exploit inédit. Le nageur américain Michael Phelps quant à lui fait mieux que son compatriote Mark Spitz à Munich en 1972 : huit courses, huit médailles d'or, assorties de sept records du... -
LONDRES (JEUX OLYMPIQUES DE) [2012] - Chronologie
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 7 986 mots
...200 mètres nage libre : elle s'impose en 1 min 53,61 s, loin devant la Française Camille Muffat (1 min 55,58 s). Journée contrastée mais historique pour Michael Phelps : invaincu depuis 2001 dans le 200 mètres papillon, en tête jusqu'à quelques centimètres du but, il est devancé « à la touche » par le Sud-Africain... -
PÉKIN (JEUX OLYMPIQUES DE) [2008] - Chronologie
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 5 941 mots
- 2 médias
Au Centre national de natation, surnommé le « cube d'eau », Michael Phelps remporte le 400 mètres quatre nages (4 min 3,84 s, record du monde), alors que le Sud-Coréen Park Tae-hwan gagne le 400 mètres nage libre. L'Australienne Stephanie Rice bat le record du monde du 400 mètres quatre nages (4... - Afficher les 8 références