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POWELL MICHAEL (1905-1990)

The Archers

En 1942, Michael Powell crée, avec Emeric Pressburger, sa propre société de production, « The Archers Films Production Limited ». Après avoir produit The Silver Fleet (P. H. contre Gestapo) de Vernon Sewell et Gordon Wellesley (1943), il co-signe The Life and Death of Colonel Blimp, que suivent The Volunteer, A Canterbury Tale et A Matter of Life and Death. Si ces films sont conçus à l'origine dans la perspective de l'effort de guerre, ils n'en échappent pas moins totalement à ce type de cinéma et à sa rhétorique. D'une part, leurs récits évoluent de manière sinusoïdale ou « déstructurée », ménagent des ruptures de ton avec cependant une grande souplesse de transition, évoluent entre réalisme et poésie, réalité et fantaisie, humour et gravité. D'autre part, ils ne se privent pas de louer certains aspects de la culture allemande et de critiquer certaines mœurs et modes de pensée anglais.

<it>Le Narcisse noir</it>, de M. Powell et E. Pressburger - crédits : Collection Joel Finler/ The Archers/ Carlton International Media

Le Narcisse noir, de M. Powell et E. Pressburger

Après la guerre, Michael Powell poursuit, en compagnie d'Emeric Pressburger, ses recherches narratives et formelles avec I Known Where I'm Going, qui, bien que tourné avant A Matter of Life and Death fut retardé dans l'attente de pellicule couleur. Suivent Black Narcissus, The Red Shoes, The Small Back Room et Gone to Earth. Ces films, d'une grande beauté plastique, conséquence de recherches audacieuses sur la conception des décors, naturels ou construits, et la photographie, en noir et blanc ou en couleur, placent leurs personnages dans une situation d'isolement tant physique que psychologique. Ce double isolement, qu'amplifie leur confrontation, dans une approche dialectique (religion et paganisme, rationalisme et superstition, matérialisme et spiritualité, pragmatisme et altruisme), avec d'autres cultures ou d'autres conceptions de l'existence, mais aussi, parfois, avec une nature sauvage indifférente à leurs « problèmes », génère chez eux une crise qui peut leur être fatale ou, à l'inverse, les amener à relativiser leurs certitudes.

<it>Les Chaussons rouges</it> - crédits : Baron/ Getty Images

Les Chaussons rouges

Toujours avec Emeric Pressburger, Michael Powell s'engage ensuite dans une série d'expérimentations, similaires à celles qu'il avait entreprises pour le film-ballet avec The Red Shoes, et qui s'exercent sur les genres les plus divers, particulièrement à travers l'utilisation originale de la couleur : The Elusive Pimpernel, pour le film à costumes, The Tales of Hoffman, pour l'opéra, et Oh ! Rosalinda, pour l'opérette. Puis, il revient, de manière quelque peu anachronique, au film de guerre (The Battle of the River Plate) et d'espionnage (I'll Met by Moonlight).

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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  • CINÉMA ET OPÉRA

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