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RAPTIS MICHALIS (1911-1996)

Dernier des révolutionnaires professionnels, trotskiste hétérodoxe, Michalis Raptis, plus connu sous le pseudonyme de Pablo qu'il adopte lorsqu'il prend la tête de la IVe Internationale, a été un grand agitateur international, tant par l'action que par la réflexion. Michalis Raptis est né le 24 août 1911 à Alexandrie, d'un père athénien et d'une mère issue de la florissante communauté grecque d'Égypte. En 1917, la famille s'installe à La Canée, en Crète. Précoce, le jeune Raptis publie des nouvelles littéraires dans la presse locale dès l'âge de quatorze ans. À dix-sept ans, il s'inscrit à l'Université polytechnique d'Athènes, dans la section des ingénieurs civils. Cette année-là, il entre dans le parti des archéo-marxistes qui, plus important à l'époque que le Parti communiste officiel, est déjà en rupture avec Moscou. En 1929-1930, il rejoint un groupe d'archéo-marxistes ayant fait sécession et appelé Les Fractionnistes. Meneur d'hommes et grand organisateur, il fonde et dirige en 1931-1932 le Groupe communiste unifié. Il comprend alors qu'isolé il ne peut rien faire, et, en 1932, 1934 et 1936, son mouvement fusionne avec des dissidents du Parti communiste. Il est un des dirigeants de l'E.O.K.D.E. (Organisation communiste internationale unifiée de Grèce) sous le pseudonyme de Spéros, proche de l'opposition de gauche rassemblée autour de Trotski.

Le 4 août 1936, le général Metaxás instaure en Grèce une dictature calquée sur le modèle mussolinien. Spéros est arrêté et déporté dans l'île de Folegandros, où il devient le porte-parole de la quarantaine de prisonniers trotskistes qui s'y trouvent. En septembre 1937, il est transféré dans la forteresse d'Akronauplie.

Son père et un de ses professeurs de Polytechnique, membres de la bonne bourgeoisie athénienne, parviennent à le faire revenir à Athènes, où il est assigné à résidence. Reprenant contact avec l'E.O.K.D.E., il réussit à se faire expulser du pays. Il arrive à Genève en décembre 1937, puis gagne Paris en 1938. En septembre 1938, il participe à la fondation de la IVe Internationale en tant que délégué de la Grèce. Il contracte la tuberculose en 1939. À la fin de 1940, il séjourne dans un sanatorium près de Grenoble.

De retour à Paris en 1942, il débute sa carrière internationale en tant que secrétaire du secrétariat européen provisoire de la IVe Internationale de 1942 à 1945. En 1945, il devient le dirigeant du secrétariat international de la IVe, successeur spirituel de Trotski, et le restera jusqu'en 1960. Désormais, il soutiendra toutes les dissidences du bloc de l'Est : le schisme titiste en 1948, la révolte ouvrière de Berlin en 1953 et les Conseils ouvriers hongrois en 1956. Devant la guerre froide, il préconise en 1950 l'entrée des trotskistes dans les partis communistes, car sa préoccupation première, dès 1931, a toujours été de ne pas être isolé du « mouvement de masse ». Peu après, les sections française et américaine de la IVe font défection. Au début des années 1950, il commence à s'intéresser au Tiers Monde, nouveau potentiel révolutionnaire. En 1955, il apporte son total soutien au F.L.N. algérien et crée de multiples comités de soutien à l'Algérie indépendante. Avec le retour au pouvoir du général de Gaulle, la IVe et Michalis Raptis s'installent à Amsterdam. Au début de 1960, il met en place au Maroc une usine d'armement pour le F.L.N. et aux Pays-Bas une imprimerie destinée à la fabrication de faux papiers et de fausse monnaie. La police néerlandaise l'incarcère pendant dix-huit mois en 1960-1961. Libéré, il rejoint le Maroc, puis, à l'indépendance de l'Algérie, réside à Alger de 1962 à 1965. Conseiller économique du président Ben Bella, il est chargé de s'occuper du « bureau des biens vacants » ayant appartenu[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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