BERGER MICHEL (1947-1992)
Fils du professeur de médecine Jean Hamburger et de la pianiste Annette Haas-Hamburger, Michel Berger (né à Neuilly-sur-Seine le 28 novembre 1947) avait reçu en héritage un goût pour la précision soignée et une forme de sensibilité artistique qu'il tenta toujours d'accommoder au blues et au swing issus d'un rock dégraissé de son agressivité sonore. Après un passage parmi les « yéyés » dont témoigne la photo de groupe « historique » réalisée par Salut les copains en 1963, ses références musicales se firent rapidement plus sérieuses (Beatles, Bee Gees, Moody Blues...). Avec Véronique Sanson, qu'il produisit chez Pathé-Marconi, où il était directeur artistique, il forma pendant six ans un duo de pianistes auteurs-compositeurs qui donna des succès tels qu'Amoureuse ou Besoin de personne. Dès cette première collaboration, on discerne un des traits marquants de la personnalité de Berger : ses dispositions personnelles mais aussi sa formation universitaire lui ont donné plus d'aisance pour écrire les chansons – souvent émouvantes – des autres que pour trouver le contact immédiat avec un public. Sa carrière fait un bond en avant avec la création de l'opéra-rock Starmania (1979), écrit avec le Québécois Luc Plamondon, et qui révèle de nouveaux chanteurs (Daniel Balavoine, Diane Dufresne, Fabienne Thibault...).
En 1980, son premier passage en solo sur une scène publique, au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, est marqué par l'immense succès de La Groupie du pianiste. Mais son véritable talent est décidément ailleurs, dans l'intelligence qu'il met à redonner vie à des artistes essoufflés ou assoupis. Cela avait été le cas, dès 1973, avec Françoise Hardy (Message personnel), mais, surtout, avec France Gall, en 1975 (devenue son épouse l'année suivante), pour qui il écrivit La Déclaration, un succès suivi de très nombreux autres quinze années durant (Si maman, si, 1977 ; Il jouait du piano debout, 1980 ; Résiste, 1981 ; Débranche, 1984...), jusqu'au Laissez passer les rêves, interprété en duo dans l'album Double Jeu publié quelques semaines avant la mort de Michel Berger (le 2 août 1992 à Saint-Tropez). Le plus paradoxal, et le plus réussi, aura été son rôle auprès de Johnny Hallyday, dont il aura favorisé le nouveau départ en 1985, en écrivant pour lui Le Chanteur abandonné, Quelque Chose de Tennessee, Rock'n'roll attitude, Aimer vivre.
La sophistication informatique des spectacles au cours des années 1980 aurait pu être fatale à Michel Berger : ses prestations personnelles ou ses mises en scène (le concert de Johnny Hallyday en 1989) péchèrent par excès de subtilité et d'esthétisme. Il reste à ce musicien poète d'avoir montré, dans ses engagements personnels (Éthiopie, Band Aid, Restos du cœur, Action-École) comme dans ses chansons, que son humanisme un peu propret, son bonheur trop gentil étaient en fait gagnés sur une nostalgie lancinante et une sourde angoisse de vivre.
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Écrit par
- Michel P. SCHMITT : professeur émérite de littérature française
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Média
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