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CÉPÈDE MICHEL (1908-1988)

Universitaire et militant, catholique et socialiste, expert et homme de réalisation, agronome et administrateur, Michel Cépède sut allier en lui, sans contradiction apparente, des traits généralement disjoints en son temps. Né à Wimereux (Pas-de-Calais), d'un père biologiste et d'une mère enseignante, il fit ses études secondaires dans les grands lycées parisiens ; puis, à dix-sept ans, il entra à l'Institut national agronomique (I.N.A.), où il devint ingénieur, passa un certificat de géologie à la faculté des sciences et obtint une licence de droit.

Sa carrière, assez complexe, sera dès lors tout entière vouée à l'agriculture : répétiteur d'économie rurale à l'I.N.A. (1931), chef de bureau, sous-directeur et chef de service d'études au ministère de l'Agriculture (1944-1945), professeur d'économie et de sociologie rurale à l'I.N.A. (1947), secrétaire général puis président du Comité interministériel de l'alimentation et de l'agriculture (1957-1984), membre de plusieurs cabinets ministériels socialistes et directeur du cabinet de Kléber Loustau (1956-1957), directeur des études économiques et du plan au ministère de l'Agriculture (1957-1959), titulaire de la chaire d'économie rurale comparée et de sociologie à l'I.N.A. (1959-1979), président du Comité permanent du programme de la Food and Agriculture Organization ( F.A.O.) aux Nations unies (1963-1969), premier vice-président (1965) puis président (1969-1973) du conseil de la F.A.O., président du Comité français de la campagne mondiale contre la faim (1970-1985), membre de l'Académie d'agriculture de France (1971) et de l'Académie des sciences d'outre-mer.

Depuis 1936, il avait pris une part active aux réunions agricoles internationales. Prisonnier de guerre, il en avait profité pour achever sa thèse, soutenue en 1944, Du prix de revient au produit net en agriculture (1946). Rapatrié en mai 1943, officier des Francs-tireurs et Partisans (F.T.P.), il prit part à l'insurrection de Paris et à la libération du ministère de l'Agriculture. Il reprit aussitôt ses activités internationales, collaborant à la création de la F.A.O. Ces engagements s'inspiraient de son orientation socialiste, très tôt affirmée. Dès ses études à l'I.N.A., il avait animé la section présyndicale (Ugetica), puis était devenu secrétaire du syndicat C.G.T. du personnel enseignant de l'I.N.A. En 1936, il avait été élu à la Commission exécutive de la Fédération générale des fonctionnaires (C.G.T.), puis nommé trésorier-adjoint de la Fédération de l'économie nationale, secrétaire général du Comité de coordination des syndicats C.G.T. de techniciens de l'agriculture (en vue de la réforme de l'enseignement agricole), secrétaire du Comité des réfugiés espagnols dans l'agriculture française, etc. Maxence Roldes, député socialiste de l'Yonne, l'avait choisi comme secrétaire technique et lui confia, pour les deux législatures de 1932 et de 1936, la préparation de nombreux rapports pour la Commission de l'agriculture dont il était membre. Michel Cépède adhéra lui-même à la S.F.I.O. en 1935 et devait rester fidèle sa vie durant au Parti socialiste. Il assuma, après la mort de son fils Denis, le secrétariat général de l'Office universitaire de recherche socialiste, rue de Lille. Sans doute la dernière responsabilité qui lui fut offerte et qu'il dut décliner fut-elle le rectorat de l'Université mondiale organisée sous l'égide des Nations unies : elle consacrait sa vocation et sa réputation internationales.

Ce vieux militant socialiste fut aussi, sans un instant d'hésitation ou de défaillance, un chrétien convaincu et un catholique pratiquant. Il ne fut pas seul de son espèce, mais l'espèce était peu nombreuse : on peut y repérer, d'un[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

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