CHEVALIER MICHEL (1806-1879)
Saint-simonien et rédacteur du Globedans sa jeunesse, Michel Chevalier se rallia plus tard à l'Empire, qui fit de lui un conseiller d'État, un sénateur, un professeur au Collège de France. Devenu libéral, il fut l'instigateur, avec Richard Cobden, du traité de libre-échange de 1860 entre la France et la Grande-Bretagne ; il défendit les vertus pacificatrices du commerce, qui devait, selon lui, mener à la suppression des guerres.
De son passage parmi les disciples de Saint-Simon, Chevalier garda la foi en l'industrie comme principe du progrès des sociétés. De même que son maître Saint-Simon, il fut l'auteur de projets de grands travaux (tunnel sous la Manche, canal de Panamá). Il fut aussi influencé par un séjour en Amérique du Nord, qui l'amena à publier ses Lettres sur l'Amérique du Nord (1836), initialement adressées au Journal des débats. Intéressé par tous les aspects de la civilisation industrielle alors naissante, Chevalier écrivit également des lettres sur l'organisation du travail (1848) et un ouvrage sur les brevets d'invention (1878).
Saint-simonien, il le resta aussi dans la mesure où il défendit le rôle de gestionnaire de l'État dans l'industrie. Par son interventionnisme, on peut le comparer à des libéraux tels que Stuart Mill, qu'il félicita, d'ailleurs, dans son cours au Collège de France, « d'avoir restauré les gouvernements dans l'exercice des pouvoirs qui leur appartiennent ». Son Cours d'économie politique, publié en 1842-1844 (à l'exception du volume sur la monnaie, ajouté en 1850), ne permet pas de le considérer comme un des économistes notables de son époque. Chez lui, en effet, l'homme d'action et le journaliste l'emportent sur le théoricien.
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Écrit par
- Bernard DUCROS : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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