CORBOZ MICHEL (1934-2021)
Michel Corboz naît le 14 février 1934 à Marsens (Suisse). Son oncle André, organiste, pianiste et professeur de musique, l’initie à la musique. Au Conservatoire de Fribourg il étudie le chant soliste et la composition. Là, il côtoie César Geoffray, fondateur du mouvement choral français À cœur joie. Il complète sa formation auprès de Hans Haug à Lausanne et de Paul Van Kempen à Sienne (Italie). En 1953, il est nommé maître de chapelle à l’école Notre-Dame-du-Valentin à Lausanne. Il y dirige plusieurs ensembles ‒ dont le chœur Sainte-Cécile ‒, fonde avec l’organiste Dante Granato la Société des concerts Notre-Dame et commence à se produire en France. Mais une tuberculose de la hanche va le contraindre à interrompre toute activité pendant plus d’un an et demi. Suit une longue période pendant laquelle il peine à émerger de l’anonymat.
En 1961, enfin, Michel Corboz crée l’Ensemble vocal de Lausanne auquel il adjoint rapidement l’Ensemble instrumental. En 1964, à Nevers, lors des rencontres internationales de chant choral Europa Cantat, Michel Garcin, directeur artistique du label Erato, le remarque. Cette rencontre décisive va lui ouvrir la voie du disque et les portes de la notoriété internationale. Ses premiers enregistrements consacrés à Claudio Monteverdi rencontrent un immense succès et obtiennent les louanges unanimes de la critique : les Vêpres dela Vierge(1967), l’opéra Orfeo (1968), la Selva morale e spirituale (1969). Le chef et son ensemble se produisent régulièrement, de 1980 à 2008, au festival de La Chaise-Dieu (France). Il dirigera la formation suisse jusqu’en 2012, date à laquelle il la confie à Daniel Reuss et Pierre-Fabien Roubaty. À partir de 1969, il est à la tête du chœur et de l’orchestre de la Fondation Gulbenkian de Lisbonne. Pendant vingt-huit ans, il enseigne au Conservatoire de Genève où il forme des générations de choristes et solistes parmi lesquelles on peut citer Guillaume Tourniaire, Natacha Casagrande, Emiliano Gonzalez-Toro et Stephan McLeod. Il apparaît une dernière fois en public en juin 2021 à la cathédrale Saint-Pierre à Genève et meurt à Montreux le 2 septembre de la même année.
La carrière entière de Michel Corboz est dédiée aux partitions vocales et tout particulièrement à la musique religieuse. Si, au début des années 1980, il s’était à son tour, converti à l’usage des instruments anciens, il n’a jamais réellement cherché à s’inscrire dans la redécouverte de la musique baroque initiée par Gustav Leonhardt et Nikolaus Harnoncourt ni à s’investir dans les investigations musicologiques qui l’ont accompagnée. Plus intuitif que théoricien, il a développé un style à la fois sobre, sensuel et généreux, qui fuit tout autant la grandiloquence que l’intellectualisme, parvenant à un équilibre idéal qui marie limpidité sonore, émotion et profondeur.
L’essentiel de la vaste discographie de Michel Corboz est rassemblé chez Erato. Il n’y choisit pas ses solistes parmi les stars du moment mais s’attache à mettre en valeur le talent d’excellents musiciens comme les ténors Eric Tappy, John Elwes, Hugues Cuénod, les sopranos Jennifer Smith, Wally Staempfli, Colette Alliot-Lugaz ou le baryton Philippe Huttenlocher. Monteverdi figure en bonne place, aux côtés de Marc-Antoine Charpentier (messes, motets, cantates) et de Jean-Sébastien Bach (passions, motets, cantates et Messe en si, enregistrée par deux fois en 1972 et 1981). Avec la même sincérité expressive, il redonne vie aux œuvres de Vivaldi, Lalande, Mozart, Haydn, Mendelssohn, Brahms, Fauré, Puccini, Honegger, Duruflé ou Frank Martin. Le respect du style n’entrave chez lui ni l’imagination, ni la ferveur.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Média