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CORRETTE MICHEL (1709-1795)

L'un des précurseurs de la symphonie française à qui l'on doit de nombreux concertos, surtout pour instruments à vent ; il est le premier en France à avoir publié un concerto pour flûte (opus 4). Son père, Gaspard Corrette, composa notamment une Messe du huitième ton pour l'orgue à l'usage des dames religieuses et utile à ceux qui touchent l'orgue (1703) : elle est conforme au style du temps et l'on peut apprécier les indications qu'il donne dans Meslange des jeux de l'orgue ; il fut organiste à Rouen.

Michel Corrette naquit à Rouen et mourut à Paris. À l'âge de dix-sept ans, il était déjà titulaire d'une des tribunes parisiennes réputées, celle de Sainte-Marie-Magdeleine-en-la-Cité. En 1737, il fut organiste du grand prieur de France ; en 1750, des jésuites de la rue Saint-Antoine ; en 1759, du prince de Condé et, en 1780, du duc d'Angoulême. Il écrivit deux Livres d'orgue (1737 et 1750), le Nouveau Livre de noëls pour le clavecin ou l'orgue (1753) et Douze Offertoires pour orgue (1764). La plupart de ces pages sont courtes, conformément à ce qu'on attendait aux offices de l'intervention de l'organiste (préludes sur plein-jeu à la française, fugues sur les anches, duos, trios, etc.). Avec Jean-François Tapray (1738-1819), Claude Balbastre (1727- 1799), Nicolas Séjan (1745-1819), Michel Corrette est de ceux qui conduisent la musique d'orgue vers un style de virtuosité légère, plus tourné vers la prouesse ou l'inattendu sonore qu'inspiré par le service de la liturgie. C'est lui qui, inventant, si l'on peut dire, la technique du cluster, imite l'orage en mettant, dit-il, « sur la dernière octave des pédales de trompette et de bombarde une planche que le pied baisse à volonté ». En comparant son œuvre à celle de ses prédécesseurs (Grigny, Couperin) ou de ses contemporains allemands, on est tenté d'y voir le fruit d'une décadence. Corrette a été, toutefois, l'un des premiers musiciens français à adopter le pianoforte (Divertissement pour le clavecin ou le pianoforte, 1780). Dans sa musique vocale, profane ou sacrée (messes, motets, Leçons de ténèbres, Le Délassement de l'esprit, Recueils de divertissements de l'Opéra-Comique, Cantatilles, etc.), il fait la part belle au décoratif et à l'agréable. Mais c'est sa production de musique instrumentale qui est la plus importante (nombreuses sonates ou concertos à deux ou à trois et jusqu'à six instruments, concertos comiques, fantaisies pour les vielles, les musettes, etc., concertos de Noël).

Dans ses œuvres, où l'on sent parfois l'influence de Vivaldi, l'harmonie demeure plutôt monotonale, la mélodie fraîche et légère, la structure simple et ordonnée, les répétitions variées. Corrette est un compositeur habile et il sait répondre au goût du jour tout en acceptant les innovations instrumentales de son temps. À signaler enfin sa production féconde d'écrivain pédagogue ; on lui doit des méthodes pour violon (1738), violoncelle (1741), pardessus de viole (1748), guitare (1762), mandoline (1772), harpe (1774), quinton ou alto (1782), vielle (1783), flûte à bec (1784), ainsi qu'un traité pratique, Le Maître du clavecin pour l'accompagnement (1753). Au xxe siècle, Darius Milhaud a écrit une Suite d'après Corrette pour trio d'anches, en hommage au compositeur fécond de musique de chambre.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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