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DEBRÉ MICHEL (1912-1996)

Fils du professeur de médecine Robert Debré, Michel Debré est né à Paris. Docteur en droit et diplômé de l'École libre des sciences politiques, il entre au Conseil d'État en 1934. Lieutenant en 1940, il est fait prisonnier et parvient à s'évader. En 1943, il est adjoint au délégué en France du gouvernement de Londres puis d'Alger. Après la Libération, le général de Gaulle lui confie la responsabilité de la réforme administrative. Secrétaire général aux Affaires allemandes et autrichiennes en 1947, sénateur (alors conseiller de la République) d'Indre-et-Loire en 1948, à trente-six ans, il le restera jusqu'en 1958, se consacrant dès 1946 au retour du général de Gaulle. Dans son journal, Le Courrier de la colère, il mène de virulentes campagnes contre les gouvernements (Ces princes qui nous gouvernent, 1957) de la IVe République et se montre un ardent défenseur de la présence française en Algérie. Son sens de l'État et sa fidélité au général l'amèneront pourtant à combattre avec une égale énergie les partisans de cette thèse au moment des accords de paix d'Évian.

Michel Debré - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Michel Debré

Garde des Sceaux de juin 1958 à janvier 1959 dans le premier gouvernement de la Ve République, il prend une part active à l'élaboration de la Constitution de celle-ci ; Premier ministre à partir du 8 janvier 1959, il cède, en avril 1962, la place à Georges Pompidou. Élu, en mai 1963, député de la Réunion, il revient au gouvernement avec les portefeuilles de l'Économie et des Finances (janv. 1966-mai 1968), des Affaires étrangères (mai 1968-juin 1969) et de la Défense nationale (de juillet 1969 à sa démission en avril 1973).

À l'Assemblée nationale, où il siège de 1973 à 1988 comme député de la Réunion, Michel Debré dénonce inlassablement les dangers de l'inflation et de la dénatalité. En 1979, il s'oppose vigoureusement au danger de dérapage supranational qu'il voit poindre dans l'élection au suffrage universel du Parlement européen. Il axe sur ce thème la campagne qu'il mène comme numéro deux de la liste que conduit Jacques Chirac. Très réservé vis-à-vis de Valéry Giscard d'Estaing, Michel Debré se lance dans l'élection présidentielle de 1981, mais ne recueille que 1,66 p. 100 des voix. Il conservera jusqu'en 1989 son mandat de maire d'Amboise (depuis 1966) et jusqu'en 1992 celui de conseiller général d'Indre-et-Loire (depuis 1951, sauf de 1970 à 1976).

Michel Debré est l'auteur de nombreux essais politiques : Refaire la France (1944) ; Demain la paix (1945) ; La Mort de l'État républicain (1947) ; Refaire une démocratie, un État, un pouvoir (1958) ; Au service de la nation (1962) ; Jeunesse, quelle France te faut-il ? (1965) ; Une certaine idée de la France (1972) ; Combat pour les élections de 1973 (1973) ; Une politique pour la Réunion, ami ou ennemi du peuple (1975) ; Le Pouvoir politique (1977, en collaboration avec son fils Jean-Louis Debré) ; Le Gaullisme (1978) ; Lettre ouverte aux Français sur la reconquête de la France (1980) ; Peut-on lutter contre le chômage ? (1982). Il y témoigne de sa passion pour la France, transmuée en fidélité inconditionnelle au général de Gaulle. Ces thèmes prennent un relief particulier dans les Entretiens avec le général de Gaulle, 1961-1969 (1993) et dans les cinq tomes des Mémoires, Trois Républiques pour une France, publiés entre 1984 et 1993, qui couvrent la période 1938-1993 et dont les titres sont sans ambiguïté : Combattre, Agir, Gouverner, Gouverner autrement, Combattre toujours. Michel Debré a été élu à l'Académie française en 1988.

— Gérard PONTHIEU

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Michel Debré - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

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