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DENS MICHEL (1911-2000)

Le corps médical le considérait comme un phénomène vocal. Doté d'une oreille exceptionnelle, le baryton français Michel Dens possédait une voix infatigable qui lui a permis de mener une carrière d'une exceptionnelle longévité : plus de soixante ans d'activité – il se produisait encore en concert quelques mois avant sa mort, à quatre-vingt-neuf ans –, deux cents rôles environ, près de dix mille représentations ! Au-delà de ces performances, il a incarné ce que l'école française de chant avait de meilleur : clarté du timbre, émission naturelle, diction parfaite, style irréprochable, faculté de s'adapter aux répertoires les plus divers. Il possédait en outre une tessiture d'une grande étendue, du sol grave de la basse au si bémol du ténor.

Michel Dens voit le jour à Roubaix le 22 juin 1911 dans une famille de musiciens. Il accomplit ses études musicales au conservatoire de sa ville natale et remporte un premier prix d'honneur en 1932. Sa carrière débute deux ans plus tard et il chante à l'Opéra de Lille dès 1938 (Moralès dans Carmen de Bizet, Wagner dans Faust de Gounod, le Sacristain dans Tosca de Puccini). Après la Seconde Guerre mondiale, il est engagé à l'Opéra-Comique (Albert dans Werther de Massenet en 1947) puis à l'Opéra de Paris (rôle-titre de Rigoletto de Verdi en 1947), où il se produira régulièrement pendant une vingtaine d'années. Le 1er juin 1951, il participe à l'Opéra-Comique à la création de Madame Bovary d'Emmanuel Bondeville. En 1951 et 1952, il incarne Sou-Chong dans Le Pays du sourire de Franz Lehár pendant 235 représentations à la Gaîté-Lyrique, rôle qu'il chantera dans le monde entier plus de deux mille fois. En 1954, il incarne Ourrias au festival d'Aix-en-Provence dans la production légendaire de Mireille de Gounod sous la direction d'André Cluytens.

Le répertoire de Michel Dens couvre tous les rôles importants du baryton Martin au baryton verdien. Il triomphe notamment dans Le Barbier de Séville de Rossini (Figaro) et dans Rigoletto (rôle-titre), mais aussi dans Les Pêcheurs de perles de Bizet (Zurga) ou dans des ouvrages plus légers – La Mascotte d'Edmond Audran (Pippo), La Fille de Madame Angot (Pitou) de Charles Lecocq, Monsieur Beaucaire (rôle-titre) d'André Messager... – ainsi que dans les principaux ouvrages d'Offenbach, où ses dons de comédien font merveille. On le surnomme alors le « baryton-soleil ». Sa carrière se développe surtout dans les principaux pays francophones (Belgique, Suisse, Canada, Afrique du Nord) car il appartient à cette génération qui chante en français le répertoire. Mais il est aussi invité en Allemagne et en Espagne. Il s'illustre dans Scarpia (Tosca), le Grand Prêtre de Dagon (Samson et Dalila de Saint-Saëns), Amonasro (Aïda de Verdi), Iago (Otello de Verdi), Hérode (Hérodiade de Massenet).

Pendant une vingtaine d'années, Michel Dens se consacrera à une association, Présence de l'art lyrique, vouée à la diffusion de l'art lyrique dans les villes dépourvues d'opéras. Il offrira ainsi une chance de débuter à de jeunes chanteurs français dont il s'attachera à prendre la défense à une époque où l'internationalisation de l'art lyrique les relègue au second plan pour des raisons de mode. À Paris, il se produit pour la dernière fois en 1992, dans Alceste de Lully (rôle de Phérès) sous la direction de Jean-Claude Malgoire.

Il meurt à Paris le 19 décembre 2000, laissant un legs discographique considérable : une soixantaine d'enregistrements, pour la plupart réédités en disques compacts.

Parmi ceux-ci, on retiendra : de Bizet, Carmen (rôle d'Escamillo, aux côtés de Solange Michel – Carmen –, Raoul Jobin – Don José –, Martha Angelici – Micaela –, avec le chœur et l'orchestre de l'Opéra-Comique sous la direction[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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