GONDRY MICHEL (1963- )
Quel jeune passionné de cinéma n'a pas rêvé d'aller tenter sa chance en Amérique ? Michel Gondry l'a fait et la success story, dans les années 1990, de ce « Frenchy » et golden boy est vite devenue fameuse. Depuis lors, plusieurs longs-métrages sont venus confirmer le talent de ce prolifique représentant du nouveau cinéma français des années 2000.
Né le 8 mai 1963 à Versailles, Michel Gondry est le fils d'un électronicien, grand connaisseur de jazz et instrumentiste amateur. Pendant ses études à l'École des arts appliqués de Paris, il est batteur dans le groupe pop Oui Oui (qui se produira jusqu'en 1992). Il se spécialise vite dans la réalisation de clips très inventifs, notamment pour Étienne Daho ou Robert et Jean-François Coen. Après les avoir vu sur la chaîne MTV, la chanteuse islandaise Björk amorce avec Human Behaviour (1993) une longue collaboration (jusqu'à Crystalline, 2011) qui fera la gloire de Gondry. Il affirme son style en signant des commandes pour Kylie Minogue, les Rolling Stones, IAM, Paul McCartney ou The Vines, pratiquant une expérimentation très personnelle, entre bricolage à la Georges Méliès et détournement des logiciels les plus sophistiqués. Il réalise aussi des films publicitaires.
La vie rêvée
Michel Gondry se lance dans une carrière aux États-Unis avec un long-métrage sur un scénario de Charlie Kaufman, qui avait écrit Dans la peau de John Malkovitch (Spize Jonze, 1999). Mais Human Nature (2001), comédie sur le thème du bon sauvage, n'obtient qu'une audience médiocre. La seconde réalisation du même tandem Gondry-Kaufman est par contre une réussite : Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) mêle suspense et réflexion existentielle à travers un thème canonique de la science-fiction : peut-on effacer de sa mémoire toute trace d'un être qu'on a aimé, en recourant à un traitement inventé par un savant fou ? Un beau duo d'acteurs – Jim Carrey et Kate Winslet – anime cette brillante divagation.
À partir de ce succès, Gondry poursuit son œuvre éclectique aux États-Unis ou en France. Il porte à l'excès les caractères spécifiques de chacune de ces cinématographies, comme il aime alterner fictions de haute fantaisie et documentaire en direct, tel l'enregistrement du spectacle à Brooklyn du « Chappelle's Show » , où l'humoriste américain Dave Chappelle est entouré des plus grands créateurs de hip-hop (Block Party, 2006), ou encore le portrait de sa tante, institutrice pendant trente-cinq ans dans les Cévennes (L'Épine dans le cœur, 2009). La Science des rêves (2006) oscille entre réel et imaginaire, veille et sommeil, effets spéciaux technologiques et découpages papiers-carton, pour recréer l'univers d'un jeune Mexicain (Gael García Bernal) trouvant l'amour à Paris et s'inventant avec son élue aussi fantasque que lui (Charlotte Gainsbourg) une vie de rêve. Dans Soyez sympa, rembobinez (Be Kind Rewind, 2008), deux amis cinéphiles, après avoir effacé par mégarde les cassettes de leur vidéo club, décident de « rejouer » tous les films disparus, sans moyens mais avec des idées farfelues. Ce qui nous vaut de facétieux pastiches des genres du cinéma populaire américain, et une désorganisation brouillonne du récit propre à mettre en valeur le virevoltant Jack Black.
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Écrit par
- René PRÉDAL : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
Classification
Médias
Autres références
-
FRANCE (Arts et culture) - Le cinéma
- Écrit par Jean-Pierre JEANCOLAS et René PRÉDAL
- 11 105 mots
- 7 médias
...La Vie d’Adèle, 2013), révélant chaque fois de superbes actrices : Sara Forestier, Hafsia Herzi, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Quant à Michel Gondry, dans un aller-retour constant entre les États-Unis où il débute (Eternal Sunshine of a SpotlessMind, 2004) et la France où il séduit...