HAZANAVICIUS MICHEL (1967- )
Né le 29 mars 1967 à Paris dans une famille d'origine lituanienne, le cinéaste français Michel Hazanavicius débute sur la chaîne Canal Plus en travaillant aux scénarios de divers programmes, notamment aux sketches des Nuls qu'il réalisera lui-même à partir de 1992. Il signe également des spots publicitaires et des détournements d'extraits de films ou d'émissions célèbres, modifiant dialogues et montage dans un esprit de pastiche cinéphilique à l'ironie mordante mais toute en finesse (La Classe américaine, C'est pas le 20 heures). Un esprit qu'on retrouvera au cours de la décennie suivante dans ses films pour le cinéma. En 1996-1997, il coécrit le scénario de Delphine 1 Yvan 0 de Dominique Farrugia, son ancien compagnon des Nuls, puis du film Le Clone avec Elie et Dieudonné. Il réalise alors un court-métrage (Échec au capital, 1997). Dans son premier long-métrage, Mes Amis (1999), il dirige son frère Serge Hazanavicius et Yvan Attal, qui interprètent respectivement l'acteur et le producteur d'une sitcom calamiteuse, liés par un cadavre encombrant. L'humour noir vire au pathétique, mais l'échec public ramène un temps Michel Hazanavicius à des travaux de scénarisation (Les Dalton, 2004, avec Éric et Ramzy).
Le duo Hazanavicius-Dujardin
De 2006 à 2011, la reconnaissance critique et publique de Michel Hazanavicius est indissociable de celle de Jean Dujardin qu'il met en scène dans trois films qui rompent autant avec le comique de café-théâtre qu'avec « l'esprit Canal ». L'acteur était jusqu'alors connu pour ses prestations à la télévision dans Un gars, une fille et pour son interprétation dans Brice de Nice, de James Huth (2005). Hazanavicius lui permet de composer le personnage caricatural d'Hubert Bonisseur de la Bath, au physique avantageux, entre Cary Grant et Sean Connery. Agent secret incompétent d'une bêtise confondante, gaffeur suffisant, il n'en remplit pas moins par accident, et surtout grâce à une chance inouïe, ses missions impossibles dans OSS 117, Le Caire nid d'espions (2006) puis Rio ne répond plus (2009). L'originalité est d'avoir choisi de moquer les récits d'espionnage d'avant la série des James Bond en retournant aux polars de Jean Bruce (qui étaient déjà eux-mêmes des parodies) et aux films français des années 1950 (signés Jean Sacha ou André Hunebelle), mais aussi à certaines œuvres d'Alfred Hitchcock, le comédien jouant à plaisir de ces références ironiques, au deuxième et au troisième niveau, qui l'amènent à « sécuriser le monde » en se débarrassant des trafiquants d'armes au Caire ou des catcheurs mexicains reconvertis en yakusas à Rio. Un kitsch savoureux, souligné par des trucages artisanaux et par la réutilisation d'images d'époque, permet de rire des lieux communs et des grands sujets politiques éclaboussés par un personnage qui parvient toujours à retourner la situation, parce qu'il se montre encore plus sûr de lui, ignorant les titulaires habituels de sa fonction dans ce type de films. La réussite est également formelle : images codées d'avant la nouvelle vague, récit très linéaire, clarté des dialogues, clichés des rôles et des situations, combats récurrents à poings nus, à l'image des Lemmy Caution interprété par Eddie Constantine, ou à grand spectacle comme dans le finale au pied de la statue du Christ rédempteur, dans Rio ne répond plus.
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Écrit par
- René PRÉDAL : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
Classification
Autres références
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FRANCE (Arts et culture) - Le cinéma
- Écrit par Jean-Pierre JEANCOLAS et René PRÉDAL
- 11 105 mots
- 7 médias
...jeune cinéma couvre logiquement tous les domaines thématiques et esthétiques, de nombreux réalisateurs cultivent personnellement un éclectisme audacieux : Michel Hazanavicius passe du pastiche des séries d’espionnage d’avant James Bond (OSS 117, Le Caire nid d’espions, 2006) à un hommage au mélodrame...