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LE BRIS MICHEL (1944-2021)

Michel Le Bris est né le 1er février 1944 à Plougasnou (Finistère), de père inconnu, dans une famille pauvre mais où les livres attisent sa curiosité. Il restera toujours attaché à cette terre qui finit et s’ouvre sur les appels du large. Dans son roman La Beauté du monde (2008) qui manque de peu d’obtenir le prix Goncourt, il évoque cette propension aux voyages de tous ordres qui a bercé son enfance. On ne devient pas un spécialiste de Robert Louis Stevenson sans partager un certain goût du mystère et de l’aventure.

Il y a du flibustier chez ce journaliste, éditeur, écrivain et directeur de festival. Son itinéraire, chaloupé comme un air de jazz dont il était fin connaisseur, commence donc en Bretagne. Il se révèle un élève brillant, et déjà révolté par le propriétaire qui avait refusé à sa mère le raccordement pourtant gratuit au réseau électrique. Parce qu’il faut bien comprendre la déraison des hommes, il commence des études de philosophie, puis, pour faire plaisir à sa mère, il entre à HEC. Il en sort diplômé en 1967, mais c’est le journalisme qui l’attire. Il participe à la création du Magazine littéraire aux côtés de Jean-Jacques Brochier et prend la rédaction en chef de la revue Jazz Hot. Un an plus tard, la jeunesse française entre en ébullition. Michel Le Bris choisit l’action politique au sein de la Gauche prolétarienne. Dans cette organisation maoïste, il succède à Jean-Pierre Le Dantec, un autre Breton, à la direction de La Cause du peuple, le journal du mouvement. Comme Le Dantec, il est incarcéré pour « délit d’opinion » et c’est Jean-Paul Sartre qui reprend la tête de l’hebdomadaire. Après huit mois de prison et une retraite dans le Languedoc, Michel Le Bris participe à la création du quotidien Libération en 1973. Toujours avec Sartre et Le Dantec, c’est à cette époque qu’il s’engage dans l’édition en lançant « La France sauvage », une collection de livres engagés où il signe deux titres sur l’Occitanie et le Larzac. Cette fois sur le versant de l’imaginaire, il va poursuivre sa carrière d’éditeur chez Payot, Phébus, Flammarion puis Hoëbeke.

Parallèlement, il écrit plusieurs ouvrages sur la « littérature aventureuse », dont L’Homme aux semelles de vent (1977). Avec Novalis, il découvre le romantisme allemand qu’il présente dans Le Paradis perdu (1981) et dans le Journal du romantisme (1981). Dans La Porte d’or (1986), il évoque son voyage en Californie, les villes fantômes de la ruée vers l’or derrière San Francisco et la découverte d’un inédit de Stevenson dont il publie par la suite la correspondance. Il consacre également à l’écrivain une biographie des années de jeunesse (Robert Louis Stevenson.Les années bohémiennes, 1994) ainsi qu’un essai (Pour saluer Stevenson, 2000).

Michel Le Bris - crédits : Ulf Andersen/ Aurimages

Michel Le Bris

Inspiré par l’auteur de L’Île au trésor et par l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier, Michel Le Bris crée en 1990 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) le festival Étonnants Voyageurs. Dans la cité de Surcouf, le petit rassemblement de passionnés va devenir au fil des ans le plus important festival littéraire de France après le Salon du livre de Paris. L’expérience débouche en 2007 sur un manifeste « Pour une littérature-monde en français » contre la notion de « littérature francophone ». En 2015, sa fille Mélani reprend le flambeau du festival qui s’ouvre au cinéma, au documentaire, à la photographie et se décline à Dublin, Sarajevo, Port-au-Prince, Haïfa ou Bamako.

Dans son dernier ouvrage, Pour l’amour des livres (2019), Michel Le Bris évoque les œuvres qui l’ont formé. « La littérature avait dévoré ma vie, l’avait occupée tout entière, mais me l’avait donnée, aussi, agrandie, révélée à elle-même. » Pour lui, Mai-68 a non seulement libéré la parole, mais aussi permit le retour des mots et de la fiction, contre[...]

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Michel Le Bris - crédits : Ulf Andersen/ Aurimages

Michel Le Bris

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  • FRANCOPHONES LITTÉRATURES

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  • LITTÉRATURE FRANÇAISE CONTEMPORAINE

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