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LEBRUN MICHEL (1930-1996)

Autodidacte, Michel Cade abandonne l'école très jeune et travaille dès l'âge de seize ans à La Bonne Presse, puis place quelques dessins humoristiques à France Dimanche et à L'Os libre de Pierre Dac. Devenu gérant de café en banlieue parisienne, il passe ses nuits à écrire son premier roman, Hollywood confidentiel, qui ne paraîtra qu'en 1970, son éditeur ayant fait faillite. Son deuxième livre, Caveau de famille, est publié en 1954 sous le pseudonyme de Michel Lenoir. La même année, il écrit plusieurs récits d'espionnage qu'il signe Michel Lecler. Deux ans plus tard, il est déjà l'auteur de vingt-trois romans et va adopter définitivement le pseudonyme de Michel Lebrun. En 1956, il obtient le Grand Prix de littérature policière pour Plein Feu sur Sylvie et devient un des piliers de la collection Un mystère (Presses de la Cité), avec quarante-quatre romans parus entre 1955 et 1971. Cet adepte du renouvellement, même s'il privilégie souvent l'humour et la tendresse, a abordé avec la même aisance tous les registres du roman policier : du plus noir (Pousse au crime, Le Grand Voyageur, Brigade spéciale) au burlesque échevelé (Crime à tout acheteur, La Monnaie de la pièce, L'O.P.A. de quatre sous, Loubard et Pécuchet), en passant par le crime parfait (Caveau de famille), le vaudeville criminel (Dans mon joli pavillon), la detective story classique (Plus mort que vif, Trois Mille Suspects), le récit picaresque (L'Auvergnat, Tue-moi chérie !), l'aventure sentimentale (Traquée par l'amour), ou encore le récit d'angoisse (Les Ogres). Membre fondateur de l'Oulipopo (1970), Michel Lebrun, s'est aussi essayé au polar combinatoire, avec diverses structures narratives imposées au départ. Quatre romans marquants : L'Auvergnat (1966), Un revolver c'est comme un portefeuille (1971), Autoroute (1977), road story à la française, et Le Géant (1979), un roman noir qui s'achève en apocalypse. Autre petit chef-d'œuvre, Rue de la soif (1991), un récit autobiographique des tribulations jubilatoires et nostalgiques de l'auteur dans divers bistros de la capitale. Protéiforme, Michel Lebrun a beaucoup travaillé dans l'audiovisuel. À partir de 1956, année où il adapta son livre Reproduction interdite pour le cinéma, il fut de plus en plus sollicité comme scénariste, adaptateur et dialoguiste pour la radio (Les auditeurs mènent l'enquête, Allô police), la télévision (Les Cinq Dernières Minutes) et le cinéma (une trentaine de films). Lecteur boulimique devenu érudit, celui qui était surnommé, bien malgré lui, « le pape du polar » avait accumulé de nombreuses informations sur la littérature policière. Sans relâche, il défendit ce genre à une époque où il était considéré avec un certain mépris et contribua à le réhabiliter. Critique littéraire pour Les Lettres françaises et diverses revues spécialisées, cofondateur de l'Association 813 (qu'il présida pendant trois ans), rédacteur en chef de la revue Polar, et surtout encyclopédiste et historien avec ses célèbres Almanachs du crime (publiés de 1980 à 1988), Michel Lebrun a été l'initiateur de plusieurs générations de passionnés. À ses multiples activités, s'ajoute, à partir de 1972, celle de traducteur : on lui doit de connaître en français plusieurs dizaines d'ouvrages d'auteurs aussi divers que Woody Allen, Ephraîm Kishon, Art Buchwald, James Cain, David Goodis, Groucho Marx, Jack Finney, John Irving, Elmore Leonard ou Stephen Humphrey Bogart. Prix Paul-Féval en 1987 pour l'ensemble de son œuvre, il reçoit en 1993 le trophée 813 de la meilleure traduction de l'année.

— Claude MESPLÈDE

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