LONGTIN MICHEL (1946- )
Le compositeur québécois Michel Longtin s'est d'abord fait connaître par des œuvres électro-acoustiques, notamment grâce à une pièce élaborée au Groupe de musique expérimentale de Bourges (G.M.E.B.), Pour conjurer la montagne (1977), qui deviendra la troisième partie de sa Trilogie de la montagne. Expressionniste, colorée par les acquis de l'école spectrale, influencée par l'univers électro-acoustique mais refusant le dogmatisme sériel, sa musique utilise toutes les ressources des systèmes modal et tonal.
Né à Montréal le 20 mai 1946, Michel Longtin se tourne d'abord vers les sciences. Dans le même temps, durant les étés de 1963 et de 1964, il se consacre à l'art dramatique, à la mise en scène et à la pantomime à l'école des Beaux-Arts de Banff. En 1968, il décide de suivre des études musicales, menant de front des stages en informatique et des cours privés de composition avec André Prévost. Deux ans plus tard, il s'inscrit à l'université de Montréal, où il étudie la composition avec André Prévost et l'analyse avec Serge Garant ; il y obtient une maîtrise de composition en 1975 et un doctorat de composition en 1982. Parallèlement, il s'initie à la musique électro-acoustique au Royal Conservatory of Music de Toronto, avec Samuel Dolin (1971), et au studio de musique électronique du McGill Conservatorium of Music de Montréal, avec Paul Pedersen (1971-1972), Bengt Hambraeus (1972-1973) et Alcides Lanza (1974-1975). En 1977, il participe à la fondation de l'Association pour la création et la recherche électro-acoustiques du Québec (A.C.R.E.Q.). Michel Longtin enseigne à l'université de Montréal de 1973 à 2008 ; il a également enseigné à l'école de musique Vincent-d'Indy d'Outremont et à l'université McGill.
Son grand œuvre en musique électro-acoustique est sa Trilogie de la montagne, pour bande magnétique. Il s'agit d'une vaste fresque (une cinquantaine de minutes de musique) regroupant trois pièces : De cristal, d'angoisse et de montagne (1979), À bientôt elfes, trolls et lutins (1979), Pour conjurer la montagne (1977). Ce triptyque repose sur un argument à la fois fantastique et allégorique, inventé par le compositeur en vue d'une chorégraphie potentielle. Par la suite, cet argument sera « transcrit » sous forme de poème par Diane-Ischa Ross, sur les textes de laquelle Longtin composera d'ailleurs deux poèmes symphoniques : Lettre d'Étienne à Jacques (1983) et La Route des pèlerins reclus (1984).
Longtin possède un abondant catalogue de musique de chambre, dont se détachent Deux Rubans noirs III, pour hautbois, clarinette, trois violoncelles et quatre percussionnistes (1976), Kata : San Shi Ryu, pour flûte, cinq percussionnistes, deux violoncelles et deux contrebasses (1982), Pohjatuuli, hommage à Sibelius, pour clarinette, deux cors, trompette, trombone, trois percussionnistes, deux violoncelles et deux contrebasses (1983), Les Jardins d'hiver, pour piano, quatuor à cordes et percussions optionnelles (1985), Venu de l'est : hiver '44, pour percussions seules (1987), Gaboriau, Toupin, Ferron et les autres…, pour flûte, hautbois, basson, saxophone alto, deux cors, deux pianos, deux percussions, trois violoncelles et deux contrebasses (1992), Lettre posthume de Conrad, pour orchestre de chambre (2000).
Michel Longtin reste cependant un symphoniste. C'est là, assurément, qu'il livre sa pensée la plus aiguisée, là qu'il investit la totalité de son être musical, là où ses recherches formelles s'avèrent les plus abouties. Michel Longtin se veut de fait l'héritier de Sibelius. Non pas tant par le fait que, sacrifiant à la postmodernité, son langage use de la tonalité, mais bien plutôt parce que sa quête musicale s'incarne dans le Graal de la grande forme organique ([...]
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Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
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