NEY MICHEL (1769-1815) maréchal d'Empire (1804) duc d'Elchingen (1808) prince de la Moskowa (1812)
« Le Brave des braves ». Fils d'un tonnelier de Sarrelouis, d'abord petit clerc de notaire, puis soldat dès 1787. Avance avec une relative lenteur au cours des guerres de la Révolution ; quand Napoléon en fait un de ses premiers maréchaux, Ney a déjà une grande réputation d'héroïsme, mais n'a encore jamais exercé que de petits commandements ; par contre, il s'est signalé par son ostentatoire loyalisme envers Bonaparte lors du procès de Moreau, son ancien chef. À la Grande Armée, de 1805 à 1807, il tiendra indiscutablement l'un des premiers rôles. Mais son étoile pâlit dès qu'il n'est plus sous le commandement direct de l'Empereur ; peu manœuvrier, bourru, mauvais coucheur, jaloux de ses pairs, il ne réussit guère en Espagne de 1808 à 1811. C'est pendant la campagne et surtout pendant la retraite de Russie que les exploits de Ney forceront l'admiration de tous et le feront entrer vivant dans la légende. Durant la campagne d'Allemagne de 1813, son chef d'état-major, Jomini, déserte ; privé des savants conseils de Jomini, Ney laissera encore mieux voir, tout en demeurant un prestigieux entraîneur d'hommes, son inaptitude aux grands commandements. À Fontainebleau, en 1814, il est l'un de ceux qui exigent le plus vite et le plus brutalement l'abdication de l'Empereur, pour se rallier aux Bourbons avec toutes les effusions du dévouement. Le 5 mars 1815, Louis XVIII le charge de barrer la route de Paris à l'usurpateur et Ney promet à son roi de lui « ramener Buonaparte dans une cage de fer » ; le 12, Ney se déclare pour l'Empereur et lui amène ses troupes. On peut se demander si, dès lors, il ne vit pas dans une confusion psychologique qui le prive d'une partie de ses moyens ; on s'expliquerait mieux ainsi sa conduite héroïque, mais incohérente, en juin 1815, ses tergiversations coupées de coups de boutoir et, à Waterloo, sa désastreuse obstination à épuiser ses troupes en attaques frontales répétées sans tenter la moindre manœuvre. Arrêté en août (il avait refusé d'utiliser le passeport dont Fouché l'avait muni pour tenter de lui éviter le pire), traduit devant un conseil de guerre qui se déclare incompétent, ensuite devant la Chambre des pairs, il est condamné à mort le 6 décembre et fusillé le lendemain. La duchesse d'Angoulême avait refusé de demander la grâce de Ney au roi ; beaucoup plus tard, lisant le livre de Ségur sur la campagne de Russie, elle s'écriera : « Mon Dieu, que d'héroïsme ! Pourquoi ignorions-nous tout cela ? »
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Écrit par
- Jean MASSIN : écrivain
Classification
Média
Autres références
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LA CLÔTURE (J. Rolin) - Fiche de lecture
- Écrit par Aliette ARMEL
- 983 mots
Toute existence est précaire. Mais certains êtres rappellent plus que d'autres, par la trajectoire accidentée de leur vie, cette perpétuelle mise en question de la destinée humaine. Ainsi, rien n'a jamais été sûr dans le parcours brillant de Michel Ney, maréchal d'Empire surnommé...