RENAULT MICHEL (1927-1993)
Dans le cercle restreint des étoiles de l'Opéra de Paris, Michel Renault occupait une place privilégiée. Doté d'une plastique digne de l'antique, d'une technique parfaite, il faisait preuve d'un sens du style et d'une musicalité exceptionnels.
Michel Renault est né le 15 décembre 1927 à Paris. Son père est agent de maîtrise aux usines Renault, sa mère se consacre à la carrière de ses enfants : Michel a une demi-sœur, Nicole Bonnefoux, qui se voue également à la danse. La famille restera toujours profondément unie.
Michel Renault prend ses premières leçons de danse à cinq ans dans le cours privé de Mauricette Cebron (1895-1992), une pédagogue qui fit toute sa carrière à l'Opéra comme danseuse, puis comme professeur du Ballet. Cela, à l'époque où Carlotta Zambelli (1875-1968) régnait sur la danse au palais Garnier avec Albert Aveline (1883-1968) et Serge Lifar (1905-1986). Hors de l'Opéra, Mauricette Cebron organisait des spectacles d'enfants au théâtre du Petit-Monde, tous les jeudis ; le petit Michel en devint rapidement la vedette. À quinze ans, il est engagé sur concours, dans le corps de Ballet de l'Opéra, sans être passé par l'École de danse. Paris est occupé ; malgré le rationnement de la nourriture, le froid, le couvre-feu, le Ballet de l'Opéra, sous l'impulsion de Serge Lifar, est en pleine activité. Les garçons travaillent avec le rénovateur de la danse masculine Gustave Ricaux (1884-1961) : Serge Peretti, Jean Babilée, Roland Petit, Serge Golovine bénéficient de son enseignement. Par ailleurs, Michel Renault perfectionne sa “petite batterie” avec Serge Peretti. En 1946, il a le privilège d'être le partenaire de deux illustres ballerines, Lycette Darsonval et Yvette Chauviré. Le 1er janvier 1947, il est nommé danseur étoile. Cette même année, le Ballet de l'Opéra retrouve tout son éclat, après une période de déstabilisation due aux remous de la Libération. Le chorégraphe russo-américain George Balanchine (1904-1983) vient régler : Sérénade, Le Baiser de la fée, Apollon Musagète et Le Palais de cristal. Michel Renault interprète Apollon : son autorité, sa musicalité, sa coordination du geste sont le fruit d'une parfaite prise de conscience de son art. Dans Le Palais de cristal (création), il est éblouissant ! Balanchine rentre à New York, Serge Lifar revient à l'Opéra ; 1947 se termine avec la création de son chef-d'œuvre Les Mirages (Lifar-Sauguet-Cassandre), Yvette Chauviré (l'Ombre) et Michel Renault (le Jeune Homme) magnifient l'esthétique néoclassique de Serge Lifar.
Danseur noble, doué pour la pantomime, Michel Renault se produit à l'Opéra dans une trentaine de ballets de différents styles, notamment : Giselle, Le Lac des cygnes, Sylvia, Suite en blanc (Lifar), Études (Lander), Fourberie (Lifar), La Belle Hélène (Cranko), etc. En 1959, il quitte l'Opéra avec la jeune étoile Liane Daydé, après leur triomphe dans Roméo et Juliette (Lifar-Prokofiev). Le couple se produit sur les plus grandes scènes internationales. Dès 1969, Michel Renault règle des chorégraphies à Hollywood ainsi qu'à la Télévision française. Par ailleurs, de 1970 à 1975, son humour et sa verve créatrice font merveille dans les revues qu'il monte au Concert Mayol et au Ba-Ta-Clan. Il est invité comme professeur à New York à l'American Ballet Theater ; à l'Opéra, il donne des leçons aux étoiles et aux danseurs du Ballet. Nommé professeur au Conservatoire national de Boulogne-sur-Seine, il y crée la classe de garçons.
Grande figure de la danse française, Michel Renault s'est éteint à Boulogne le 29 janvier 1993.
Bibliographie
J. Baril, Dictionnaire de la danse, Microcosme, Seuil, Paris, 1964
I. Guest, Le Ballet de l'Opéra de Paris, Théâtre national de[...]
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Écrit par
- Gilberte COURNAND : critique, historienne de la danse
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