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ROCARD MICHEL (1930-2016)

François Mitterrand et Michel Rocard, 1974 - crédits : Alain Mingam/ Gamma-Rapho/  Getty Images

François Mitterrand et Michel Rocard, 1974

Couronnée par le poste de Premier ministre qu’il occupa entre 1988 et 1991, la carrière politique de Michel Rocard fut d’une exceptionnelle densité. Plusieurs fois ministre, parlementaire français et européen, dirigeant de partis, il fut une figure centrale de la gauche parlementaire pendant cinquante ans, ainsi que le principal inspirateur du courant de la « deuxième gauche » dont les thèses réformistes, anticommunistes et favorables à l’économie de marché se sont progressivement imposées jusqu’à devenir hégémoniques au sein du Parti socialiste (PS).

Du haut fonctionnaire au dirigeant politique

Michel Rocard est né le 23 août 1930 à Courbevoie (Seine) d’une mère institutrice et d’un père, Yves Rocard, qui fut l’un des plus grands physiciens français de sa génération. C’est contre l’avis de ce dernier qu’il renonce à une carrière scientifique pour entrer en 1947 à l’Institut d’études politiques de Paris, avant de choisir la voie des carrières publiques en intégrant l’École nationale d’administration (ENA) en 1956. Il en sortira brillamment en 1958 et rejoindra le corps de l’Inspection générale des finances.

Après avoir connu une première expérience militante en adhérant en 1949 à l’organisation étudiante de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), Michel Rocard s’engage en 1958 au Parti socialiste autonome (PSA), né d’une scission de parlementaires SFIO opposés au soutien apporté par leur parti à la guerre d’Algérie et au général de Gaulle. En 1960, le PSA fusionne avec diverses formations d’une gauche parlementaire en pleine recomposition pour donner naissance au Parti socialiste unifié (PSU), au sein duquel Michel Rocard continue de s’investir. Alors qu’il poursuit sa carrière dans la haute fonction publique et vient, en 1965, d’être nommé secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la nation, Michel Rocard accède aux instances de direction nationales du PSU. Deux ans plus tard, il en devient le secrétaire national et se met en disponibilité de la fonction publique. Candidat à l’élection présidentielle de 1969, il ne recueille que 3,6 p. 100 des suffrages, mais talonne le candidat de la SFIO, Gaston Defferre. En juin, il accède pour la première fois à la députation à la faveur d’une législative partielle dans la quatrième circonscription des Yvelines, en battant le Premier ministre sortant Maurice Couve de Murville.

Minoritaire lorsqu’il propose à sa formation, en 1974, de rejoindre le Parti socialiste, Michel Rocard préfère quitter le PSU pour intégrer le secrétariat national et le bureau exécutif du PS, qui connaît une forte progression depuis sa refondation au congrès d’Épinay en 1971. Il est élu maire de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) en 1977 – mandat qu’il conservera jusqu’en 1994 –, puis député de la circonscription l’année suivante. Partisan d’un socialisme autogestionnaire plutôt qu’encadré par l’État, prônant une politique économique « réaliste » et hostile aux nationalisations intégrales, Michel Rocard anime bientôt une tendance qui défend des positions singulières, mais qui deviendront progressivement dominantes au sein du PS.

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François Mitterrand et Michel Rocard, 1974 - crédits : Alain Mingam/ Gamma-Rapho/  Getty Images

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