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SIMON MICHEL (1895-1975)

Né à Genève, Michel Simon fait montre dès l'enfance, et malgré une éducation qui se voulait rigoureuse, d'une liberté d'esprit, d'un individualisme, d'un sens aigu de l'observation, d'un amour de la vie qui ne se démentiront jamais. À seize ans, il décide de quitter Genève pour Paris sans bien savoir ce qu'il y fera. Comme il le dira lui-même, il s'en « remit au destin » ; destin qui le conduit dans le monde interlope de la Porte Saint-Martin, où il vit de petits métiers – un jour acrobate, le lendemain camelot – apprend le culte de l'amitié et approfondit « par l'expérience sa connaissance en genre humain ». En 1914, la guerre le contraint à revenir à Genève et à servir son pays. Il sera le plus indiscipliné des soldats, sera puni de maints et maints jours de prison, jusqu'à tomber malade et se retrouver au sanatorium de Leysin. Mais, entre-temps, il a vu en 1915 Georges Pitoëff jouer (ce sont ses débuts en langue française) dans l'Hedda Gabler d'Ibsen, et il a trouvé sa vocation. Après la guerre, Michel Simon rejoint les Pitoëff et fait en 1920 ses débuts d'acteur : trois répliques de Mesure pour mesure de Shakespeare. Pour vivre il se fait, avec un certain talent, photographe. En 1922, il suit la troupe Pitoëff à Paris, à la Comédie des Champs-Élysées. L'année suivante, il devient acteur de Boulevard, puis rencontre Charles Dullin ; il joue dans sa compagnie une pièce de Marcel Achard, Je ne vous aime pas (1926), avec Valentine Tessier. En 1927, il est engagé par Louis Jouvet qui dirige alors la Comédie des Champs-Élysées et, deux ans plus tard, en avril 1929, il s'impose, face à Louis Jouvet, dans le rôle de Cloclo du Jean de la Lune de Marcel Achard. Il va alors de succès en succès et interprète avec le même bonheur Shakespeare et George Bernard Shaw, Pirandello, Bourdet et Bernstein.

Parallèlement, il entame une carrière au cinéma : il joue dans Feu Mathias Pascal de Marcel L'Herbier (1925), La Vocation d'André Carrel de Jean Choux (1925), La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer (1927-1928), Tire-au-flanc de Renoir (1928). Déjà célèbre, il fait ses débuts au cinéma parlant en 1930 avec L'Enfant de l'amour, de L'Herbier. On s'aperçoit que son élocution, son accent, sa voix « passent » aussi bien que ses mines et son étonnant physique. Il porte à l'écran Jean de la Lune (1931), et c'est à nouveau le succès. Mais Michel Simon refuse de se laisser cataloguer comme acteur comique, et, pendant dix ans, il va remettre, de film en film, de création en création, son succès en question. Il tourne La Chienne, de Jean Renoir (1932), Boudu sauvé des eaux, qu'il a d'abord joué au théâtre puis recréé à l'écran avec Renoir (1931) ; de sa rencontre avec Jean Vigo naît un chef-d'œuvre, L'Atalante (1934), qui est aussi un échec commercial. Michel Simon n'en poursuit pas moins sa carrière et tourne jusqu'en 1940 une trentaine de films dont Lac aux dames (Marc Allégret, 1934), Le Mort en fuite (André Berthomieu, 1936), Drôle de drame (Marcel Carné, 1937), Les Disparus de Saint-Agil (Christian-Jaque, 1938), Le Quai des brumes (M. Carné, 1939), La Fin du jour (Julien Duvivier, 1939), Le Dernier Tournant (Pierre Chenal, 1939), Circonstances atténuantes (Jean Boyer, 1939), Fric-Frac (Maurice Lehmann, 1939), qu'il porte à l'écran après avoir obtenu dans cette pièce de Gildas Bourdet un succès éclatant (1936), La Comédie du bonheur (M. L'Herbier, 1940).

Pendant l'Occupation, Michel Simon ne tourne que Vautrin (Pierre Billon, 1944), mais, la paix revenue, reprend ses rôles de composition : Boule de suif (Christian-Jaque, 1945), Un ami viendra ce soir (Raymond Bernard, 1946), Panique (J. Duvivier, 1946), La Beauté du diable (René Clair, 1950) ; en même[...]

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Classification

Autres références

  • L'ATALANTE, film de Jean Vigo

    • Écrit par
    • 916 mots
    ...physique, qui relie les deux époux, est représenté avec une rare authenticité, de même que les rapports troubles entre le père Jules et la jeune mariée. Le père Jules, c'est Michel Simon, déjà célèbre à l'époque, qui a collaboré avec Renoir pour La Chienne (1931) et Boudu sauvé des eaux...
  • L'ATALANTE (J. Vigo), en bref

    • Écrit par
    • 233 mots

    D'abord remonté par les producteurs et affublé d'une rengaine à la mode, « Le Chaland qui passe », qui lui donne provisoirement son titre, L'Atalante de Jean Vigo (1905-1934) n'est pas seulement le sommet de l'œuvre trop rare et trop fugace du « Rimbaud du cinéma », comme on l'a...