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PIRAZZOLI-T'SERSTEVENS MICHÈLE (1934-2018)

Née à Paris le 5 octobre 1934 d’une mère française, secrétaire de direction, et d’un père journaliste d’origine bruxelloise, Michèle Pirazzoli-t’Serstevens est décédée à Paris le 25 juillet 2018. Dès sa jeunesse, elle ressent un vif intérêt pour l’Asie, d’abord pour le Vietnam dont elle apprend la langue à l’Inalco (diplôme en 1956). Parallèlement, elle suit le cursus de l’École du Louvre comme élève de la section Inde et Extrême-Orient, où elle présentera une thèse intitulée « Inventaire et analyse des bronzes de Thanh Hoa dans les musées Guimet et Cernuschi » (1959). Deux ans après son entrée à l’Inalco, elle commence une licence de chinois, puis une licence de lettres, qu’elle achèvera respectivement en 1958 et 1960. Recrutée comme assistante au musée Guimet en 1958, elle va acquérir auprès de Madeleine Paul-David et de Daisy Lion-Goldschmidt une science admirable de l’objet, étudié jusque dans le moindre détail afin de mettre en lumière ce qu’il peut apporter à la connaissance du passé. En 1964, elle se rend à Pékin dans le cadre du premier échange d’étudiants avec la Chine communiste que le général de Gaulle vient de reconnaître. Lors de ce séjour d’une année, peu avant la révolution culturelle (1966-1976), elle parachève sa formation auprès des meilleurs savants chinois tout en ayant l’accès à une documentation archéologique de première main. À son retour de Chine, elle épouse un Vénitien, Paolo Pirazzoli, qui deviendra l’un des plus grands spécialistes mondiaux des variations des niveaux marins. Sa thèse de doctorat d’État, soutenue en 1971, paraît en 1974 sous le titre La Civilisation du royaume de Dian à l’époque Han (École française d’Extrême-Orient, prix Delalande-Guérineau 1976 de l’Académie des inscriptions et belles-lettres).

Nommée conservatrice au musée Guimet en 1966, Michèle Pirazzoli-t’Serstevens a formé ses premiers étudiants à l’École du Louvre. Puis, sa vocation pour la recherche et l’enseignement la conduit en 1977 à l’École pratique des hautes études où elle est élue comme directrice d’études sur une chaire d’archéologie chinoise, la première en Europe. À la fois exigeant et généreux, son enseignement, jusqu’en 2003, suscitera de nombreuses vocations pour les arts et l’archéologie de la Chine. La rigueur de son approche, l’étendue de son savoir comme la finesse de ses analyses ne pouvaient que séduire de nombreux auditeurs.

Michèle Pirazzoli-t’Serstevens appartenait à une génération de chercheurs capables d’aborder une grande diversité de thèmes sur la longue durée, aussi bien dans des articles savants que dans des synthèses destinées à un large public cultivé, comme le montrent ses nombreuses contributions à l’EncyclopædiaUniversalis, à laquelle elle fut associée dès la première édition de 1968-1975. Elle avait plusieurs domaines de spécialité, depuis la  Chine des Han, titre de l’une de ses meilleures synthèses (PUF, 1982), jusqu’aux contacts noués en Chine par les jésuites, en particulier au xviiie siècle (Giuseppe Castiglione, 1688-1766.Peintre et architecte à la cour de Chine, Thalia, 2007, prix Giles 2009 de l’Académie des inscriptions et belles-lettres). Très tôt, elle s’est passionnée pour les contacts que la Chine a eus avec les cultures situées à sa périphérie, voire plus loin, jusqu’en Iran. Elle possédait aussi une connaissance approfondie de la céramique chinoise, qu’elle fut souvent appelée à identifier sur des sites du Proche-Orient et de l’Asie du Sud-Est.

Grâce à cette éminente savante, l’archéologie et l’histoire de l’art chinois sont devenues en France des disciplines scientifiques. Auparavant, ces domaines étaient restés marginaux parmi les études sinologiques, qui tendaient à privilégier les sources écrites. Michèle Pirazzoli-t’Serstevens a brillamment démontré que la[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques, membre de l'Institut

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