PRESLE MICHELINE (1922-2024)
Micheline Presle est une actrice française, interprète de près de 150 films en une soixantaine d’années de carrière.
Micheline Chassagne, de son vrai nom, naît le 22 août 1922 à Paris. Dès quinze ans, elle fréquente les plateaux de cinéma avec son amie la jeune actrice Corinne Luchaire et figure pour la première fois dans La Fessée de Pierre Caron en 1937, sous le pseudonyme de Micheline Michel. En 1939, sa première interprétation importante est celle d’une pensionnaire négligée par ses parents dans Jeunes Filles en détresse (G. W. Pabst, 1939). Son personnage s’appelle Jacqueline Presle. Dès lors, elle conservera Presle comme nom au cinéma. Après avoir interprété un double rôle dans le grand succès Paradisperdu (Abel Gance, 1940), elle peut accéder aux premiers rôles dès le début de l’Occupation, car les deux jeunes vedettes révélées à la fin des années 1930 s’effacent alors des écrans : Michèle Morgan (qui a deux ans de plus que Micheline Presle) part tourner aux États-Unis tandis que Danielle Darrieux (plus âgée de cinq ans) rompt après 1942 son contrat avec la Continental, société de production sous contrôle allemand.
Micheline Presle ne tournera jamais pour la Continental, conduisant sa carrière en France du sud. Dans La Comédie du bonheur (Marcel L’Herbier, 1940), elle joue Lydia, mais la vedette est encore tenue par Jacqueline Delubac. Avec Fernand Gravey, elle forme un couple aussitôt mythique, incarnant celle à laquelle rêve le jeune étudiant de La Nuit fantastique (Marcel L’Herbier, 1942). Elle est alors en haut de l’affiche. Dans Félicie Nanteuil (Marc Allégret, 1942), elle joue le rôle-titre et provoque le suicide de Cavalier, celui qui l’avait découverte (Claude Dauphin), auquel elle préfère un jeune flambeur (interprété par Louis Jourdan). Dans Falbalas (Jacques Becker, 1944), sans doute le meilleur rôle de Micheline Presle, c’est un grand couturier (joué par Raymond Rouleau) qui se prend au jeu de l’amour et se défenestre pour elle. Réalisé à la Libération, Boule de suif (Christian-Jaque, 1945) fait éclater l’hypocrisie bourgeoise des protagonistes de la nouvelle de Guy de Maupassant. Avec Gérard Philipe, Micheline Presle forme le couple éblouissant du Diable au corps (Claude Autant-Lara, 1947), d’après le roman de Raymond Radiguet. Après avoir été la vedette des Jeux sont faits d’après Jean-Paul Sartre (Jean Delannoy, 1947), elle incarne Marguerite Gauthier dans La Dame auxcamélias (Raymond Bernard, 1953). Enfin, sur l’île d’Ouessant, elle est la docteur Marie Prieur face à l’ingénieur André Lorenzi (Massimo Girotti) dans L’Amour d’une femme(1953), le délicat chef-d’œuvre de Jean Grémillon.
Cependant, en 1959-1960, Une Fille pour l’été la fait changer de génération. Elle se tient désormais du côté des parents des héros, dans un film d’un jeune espoir du cinéma, Édouard Molinaro. Malheureusement elle s’installe avec Le Baron de l’écluse (Jean Delannoy, 1960) dans le cinéma de « la qualité française », décrié par les critiques de la future nouvelle vague, qu’elle incarnera dorénavant dans des films commerciaux. De trop rares et courtes apparitions chez Jacques Rivette (La Religieuse, 1966), Jacques Demy (Peau d’âne, 1970), Claude Chabrol (Le Sang des autres, 1984) ou Alain Resnais (I Wantto Go Home, 1989), mais aussi chez de jeunes réalisateurs dont sa fille Tonie Marshall (Vénus Beauté [institut], 1999) rappellent, dans cette deuxième carrière cinématographique, qu’elle fut la vedette populaire de quelques-uns des meilleurs films de l’histoire du cinéma français. Heureusement, elle tourne dès les débuts de la télévision et triomphe dans la série télévisée à succès Les Saintes Chéries (1965-1971). Elle demeurera une vedette du petit écran jusqu’à l’orée des années 2000 ainsi qu’au théâtre, chez Jean-Michel Ribes et Jérôme Savary. [...]
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Écrit par
- René PRÉDAL : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
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