- 1. Le microbiote intestinal et la santé
- 2. Microbiote intestinal et maladie inflammatoire de l’intestin
- 3. Le microbiote intestinal instruit le système immunitaire
- 4. Le microbiote de la peau
- 5. Le microbiote pulmonaire
- 6. Le microbiote des organes génitaux
- 7. Soigner le microbiome, soigner par le microbiome
- 8. Bibliographie
MICROBIOME ET SANTÉ
Le microbiote intestinal instruit le système immunitaire
La grande majorité des cellules du système immunitaire du corps humain (env. 80 p.100) est située à l’intérieur de la muqueuse intestinale ou à son voisinage. Ces cellules sont ainsi aux avant-postes de l’interface la plus grande entre l’organisme et l’extérieur. À l’état normal, ces cellules protègent l’hôte contre les pathogènes présents dans l’intestin, tout en tolérant (respectant) les tissus de l’organisme, la nourriture et les microbes commensaux. En outre, ces cellules, lymphocytes et cellules dendritiques, après avoir séjourné dans la muqueuse intestinale, peuvent se répartir rapidement dans tout l’organisme, y compris dans d’autres muqueuses. L’interface entre microbiote et système immunitaire intestinaux est essentielle : une absence de réaction des cellules immunitaires contre les pathogènes ou une hyper-activation de ces cellules contre la nourriture ou les bactéries commensales sont autant de causes de maladies. Le maintien de l’équilibre entre l’activation et l’inhibition des réactions immunitaires de l’environnement intestinal est donc crucial pour la santé.
Lutte contre les infections bactériennes et virales
La contribution du microbiote intestinal à la protection contre les infections a été mise en évidence à l’aide de souris dont l’intestin est dépourvu de microbes (germ-free mice). Ces souris, qui sont des créations expérimentales, sont plus maigres et plus faibles que les souris ordinaires ; elles sont également plus sensibles aux infections et vivent moins longtemps que les souris témoins. Cela s’explique notamment par le faible développement de leur système immunitaire. Le microbiote intestinal fournit donc les signaux nécessaires à la maturation du système immunitaire et est à ce titre essentiel à la mise en place de la protection immunologique. Les cellules du système immunitaire, qui sont « éduquées » lors de leur contact avec les microbes intestinaux, circulent dans tout le corps et contribuent à le protéger contre les micro-organismes pathogènes d’origine intestinale, mais aussi contre les micro-organismes pathogènes présents dans d’autres muqueuses et dans le reste de l’organisme. Du même coup, les caractéristiques du microbiote intestinal tel qu’il s’établit dans les premiers mois de la vie ont, en modulant celles du système immunitaire, des répercussions sur l’ensemble du corps.
Microbiote intestinal et allergies
Une manifestation d’ allergie est due à la libération de molécules comme l’histamine et les anticorps IgE par des cellules du système immunitaire. Cette libération peut être accidentelle, mais elle est le plus souvent liée à la reconnaissance par le système immunitaire de molécules, les allergènes, contre lesquelles il n’a pas appris à réagir correctement et répond alors de manière excessive. Or l’alimentation apporte une incroyable diversité de substances. Des accidents allergiques d’origine alimentaire surviennent de temps à autre. Pourquoi ne sont-ils pas plus fréquents ?
Asthme et troubles respiratoires allergiques
L'augmentation récente de la fréquence de l' asthme et des allergies dans les pays développés a conduit à se demander si l’hygiène corporelle parfois excessive dans les pays industrialisés n’en était pas responsable. Selon cette hypothèse, la réduction des contacts avec les bactéries commensales et pathogènes immédiatement après la naissance pourrait perturber la mise en place du microbiome et induire des déficiences dans le contrôle des effecteurs de l’allergie, menant à l'asthme et aux allergies chez l’enfant et l’adulte. Ce processus peut être expliqué par la présence de deux sous-types de lymphocytes T auxiliaires (T helpercells), appelés Th1 et Th2, connus pour agir de manière antagoniste, le premier favorisant le versant « anticorps[...]
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Écrit par
- Chih-Jung CHANG : docteur ès sciences, chercheur postdoctorant à l'université Chang Gung (Taïwan)
- Yun-Fei KO : docteur ès sciences, président de Chang Gung Biotechnology (Taïwan)
- Hsin-Chih LAI : docteur ès sciences, professeur à l'université Chang Gung (Taïwan)
- Jan MARTEL : docteur ès sciences, chercheur statutaire à l'université Chang Gung (Taïwan)
- David OJCIUS : docteur ès sciences, professeur à l'université du Pacifique, San Francisco (États-Unis)
- John D. YOUNG : docteur en médecine, docteur ès sciences, président du conseil d'administration de Chang Gung Biotechnology (Taïwan), professeur associé à l'université Rockefeller, New York (États-Unis)
Classification
Médias