MICROCLIMATS
Les conséquences des microclimats
Chaque microclimat définit un milieu original, et c'est à lui que sont adaptées les espèces vivantes, animales ou végétales. L'écologie doit donc se soucier au premier chef des influences microclimatiques. Celles-ci ont trois types de conséquences.
La multiplication des microclimats permet d'abord l'existence côte à côte d'espèces qui ont des exigences très différentes. L'exemple le plus connu est celui des juxtapositions de forêts entre lesquelles existent de véritables oppositions physionomiques sur les versants d'exposition nord et sud dans les montagnes tempérées. La forêt de conifères sur les premiers et de feuillus sur les seconds marque profondément le paysage même pour les observateurs non avertis. À plus grande échelle encore, on ne trouve pas les mêmes associations végétales dans les parties hautes des versants que dans les parties basses ou les fonds de vallée. On sait le parti que l'homme a tiré de la raréfaction des gelées en haut des pentes pour la mise en place de cultures délicates, comme celle de la vigne et de certains arbres fruitiers dans le Bassin parisien, par exemple.
Ensuite, les microclimats permettent à certaines espèces ou formations de vivre dans des milieux dont le climat régional leur est apparemment défavorable. On peut dire qu'elles sont « a-macroclimatiques ». Ainsi, dans certains marais du Laonnois (région parisienne), on rencontre des plantes qui sont habituelles dans les hautes latitudes ou dans les montagnes. Cette découverte surprenante s'explique par la présence du marais qui limite l'échauffement lors des belles journées estivales (dans une touffe de sphaigne, on a enregistré une température de 8 0C, alors que celle de l'air était de 30 0C dans les régions voisines). Inversement, sur les pentes crayeuses exposées au sud des méandres encaissés de la Seine, on trouve des plantes d'affinités nettement méditerranéennes. Les animaux, également, peuvent utiliser les microclimats pour survivre dans des milieux auxquels ils ne sont pas complètement adaptés. Ainsi, certains lézards des déserts ne survivent pas s'ils sont exposés à de très fortes températures. Ils ne peuvent donc supporter l'été que dans la mesure où ils s'enfouissent dans le sol ou creusent des terriers.
Enfin, les associations végétales sont souvent variées dans la mesure même où les plantes créent des microclimats dont vont profiter les autres espèces de l'association. Le cas le plus important est celui des associations forestières, où les sous-bois contiennent des essences d'ombre, dont les adaptations physiologiques sont assez différentes de celles de la strate supérieure. Ainsi, dans la forêt tropicale humide, les grands arbres doivent offrir une certaine résistance à l'évaporation, tandis que les plantes du sous-bois doivent supporter une très forte humidité, qui réduit l'évaporation.
On comprend que les microclimats pèsent lourdement sur les activités humaines. Ce qui précède montre que ce fait est évident pour l'agriculteur, le forestier, l'éleveur. Mais c'est vrai aussi bien pour le citadin ou l'automobiliste. Le premier éprouvera des sensations de confort ou d'inconfort variées selon les microclimats et le parti qu'en ont tiré les architectes et les urbanistes ; le second sait bien les dangers que lui font courir les plaques de verglas et les voiles de brouillard des creux humides.
Or, l'action sur les microclimats est, pour le moment encore, un des seuls moyens pour l'homme de modifier son environnement climatique. Les agriculteurs savent par exemple se prémunir contre les risques de gel en évitant de faire des cultures délicates dans les creux. Il existe aussi des moyens de lutte plus actifs, par exemple en limitant la perte de chaleur par radiation grâce à des[...]
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Écrit par
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
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