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MICROÉCONOMIE Économie du bien-être

Du bien-être individuel au bien-être collectif

Dans le cas d'une personne, la recherche du bien-être le plus élevé consiste à classer les diverses alternatives possibles, puis à choisir celle qui est le plus haut dans ce classement, compte tenu des ressources détenues par la personne. L'issue la meilleure, ou optimale, est définie sans ambiguïté, du moins en théorie. Tel n'est pas le cas lorsqu'on s'intéresse au cas où il y a plusieurs personnes, qui ne classent pas de la même façon les alternatives offertes à la société, dont les ressources sont limitées.

Le théorème d'impossibilité

L'idéal serait d'avoir une règle qui permette de déduire un classement collectif cohérent à partir des classements individuels ; il suffirait alors de choisir l'alternative la plus haute dans ce classement, compte tenu des ressources dont dispose la société, pour résoudre sans contestation possible, le problème du bien-être collectif. En fait, une telle règle n'existe pas. Il y a plus de deux siècles, Condorcet l'avait déjà remarqué à propos du vote (paradoxe de Condorcet). Dans un ouvrage publié en 1951, intitulé Choix collectif et préférences individuelles, Kenneth Arrow le montre de façon générale. Il prouve que la seule règle permettant de déduire un classement collectif cohérent à partir des classements individuels est la règle dictatoriale, qui consiste à prendre pour classement collectif celui d'un individu particulier. On parle à ce propos du « théorème d'impossibilité » d'Arrow. Dans le cas du bien-être, ce résultat découle du fait que les diverses alternatives que l'on cherche à classer se traduisent par des répartitions des ressources différentes entre les membres de la société, chacun préférant celle qui lui procure la plus grande satisfaction. Les intérêts étant contradictoires, du moins en partie, on comprend qu'il ne puisse pas y avoir d'issue consensuelle.

Malgré l'existence du théorème d'impossibilité d'Arrow, la recherche du bien-être collectif demeure – tout comme on continue à voter, malgré le paradoxe de Condorcet. Les critères retenus sont tous critiquables, parce qu'approximatifs, limités, ou sources d'incohérence, mais nécessaires, à moins de décider à l'aveugle. En pratique, les économistes qui s'intéressent au bien-être collectif en retiennent principalement deux : la recherche du surplus maximum et le critère de Pareto.

Le surplus en tant que mesure du bien-être collectif

À l'origine de tout échange volontaire, et marchand, il y a la recherche d'un gain. Par exemple, un consommateur qui est prêt à payer au maximum 10 euros pour un bien et qui trouve une entreprise qui le vend à 7 euros, procédera à l'échange, son gain en satisfaction pouvant être évalué à 3 euros. On appelle « surplus » du consommateur » un tel gain. Si, de son côté, le coût de production du bien est de 5 euros, l'entreprise gagne 2 euros dans l'opération : c'est le profit qu'elle retire de l'opération, qu'on peut également appeler « surplus du producteur ». Le surplus total procuré par l'échange sera donc égal à 3 + 2 = 5 euros. Si on connaît la disposition à payer un bien par tous les membres de la société ainsi que son coût de production, alors il est possible de calculer la somme des surplus individuels pour divers prix possibles du bien et obtenir ainsi le surplus total relatif à ce bien pour chacun de ces prix. On peut voir dans ce surplus une mesure du bien-être collectif, que l'on cherche à rendre maximum – comme le veut l'économie du bien-être – en agissant par exemple sur le prix du bien. Cette méthode – dite aussi méthode des coûts et avantages − est utilisée, tant bien que mal, lorsque l'État doit décider de la construction d'infrastructures ou d'équipements (routes, ponts, aéroports, barrages,[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en sciences économiques au laboratoire CRIISEA, universIté de Picardie Jules Verne

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