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MICROÉCONOMIE Théorie de l'équilibre général

Efficacité du système de marché et conditions d'existence de l'équilibre

La notion d'équilibre général n'est pas qu'une description du fonctionnement de l'économie. Elle a aussi un contenu normatif. Il est démontré, sous certaines conditions, que l'équilibre concurrentiel est un « optimum de Pareto ». Cela signifie que, lorsque l'économie se trouve en équilibre concurrentiel, il n'est pas possible d'augmenter simultanément les niveaux d'utilité de tous les consommateurs. Tout changement qui améliore la situation d'un agent détériore nécessairement celle d'au moins un autre agent.

Ce résultat constitue une démonstration formelle de l'efficacité du système de marché. Il ne laisse pas subsister de possibilités d'échanges mutuellement avantageux entre les agents et garantit ainsi que les ressources de l'économie seront bien employées. En revanche, en termes d'équité, il n'y a aucune raison que le marché assure l'émergence d'une juste répartition des richesses produites. Il peut s'accompagner de grandes inégalités dans les situations individuelles.

Par ailleurs, pour que l'équilibre concurrentiel puisse être défini, une condition importante est qu'aucune entreprise ne fonctionne avec des rendements d'échelle croissants. Or de nombreux secteurs industriels sont placés précisément dans cette situation, où l'entreprise est plus productive quand la production s'effectue à grande échelle. La portée de la théorie s'en trouve limitée mais cette limite est intrinsèque à la théorie. Il est facile de comprendre qu'une situation de rendements croissants donne un avantage aux entreprises de grande taille. La condition d'atomicité n'est plus remplie et la concurrence ne peut être parfaite. Elle prend une forme plus complexe et laisse une place aux stratégies conflictuelles d'un petit nombre de producteurs. Elle ne présente alors plus les mêmes vertus d'efficacité.

Des limites visibles tiennent aussi au caractère a priori statique de la théorie de l'équilibre général. Le modèle de base traite de l'équilibre général qui s'établit à un instant du temps, alors que l'activité économique s'inscrit dans la durée. Ni l'épargne, ni l'investissement ne peuvent être analysés dans un cadre purement statique. Cet aspect n'est évidemment pas méconnu et l'analyse théorique s'attache, au contraire, à décrire la manière dont des équilibres instantanés peuvent s'enchaîner. De nouvelles perspectives s'ouvrent alors, dans lesquelles les anticipations que forment les agents sur l'avenir jouent un rôle crucial.

D'autres interrogations, enfin, portent sur le réalisme de la construction. La théorie de l'équilibre général paraît très éloignée de la réalité. Elle suppose que les agents ont une information parfaite sur les prix et sur la qualité des biens qu'ils achètent. Les préférences des individus sont données et indépendantes les unes des autres. Tous les biens ont un prix et peuvent s'échanger sur les marchés, ce qui exclut les biens publics ou des phénomènes comme la pollution. Les agents se comportent de manière parfaitement rationnelle, en cherchant toujours à maximiser leur profit ou leur utilité. Il n'y a pas de coûts de transaction et rien n'explique comment toutes les offres et les demandes peuvent effectivement être confrontées de manière centralisée.

La liste est donc longue des objections que l'on peut élever à l'encontre de la théorie de l'équilibre général. Mais ceci est le propre de toute théorie, qui procède nécessairement par abstraction. Cet épurement lui a donné sa force et n'a pas empêché l'exploration de toutes les voies de progression qu'elle contribue en fait à identifier.[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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