MICROÉCONOMIE Théorie microéconomique
Autres apports de la théorie microéconomique
La théorie microéconomique ne se limite pas aux modélisations des comportements individuels et de l'équilibre général concurrentiel. Bien au contraire, elle connaît depuis longtemps des développements extrêmement nombreux. Nous n'en évoquerons qu'une sélection, visant à être représentative.
Concurrence imparfaite
La diversité s'impose à l'esprit dès que l'on aborde la concurrence imparfaite, dont la théorie date de 1838 quand le mathématicien économiste français Antoine Augustin Cournot introduisit les premiers modèles du monopole et du duopole.
La modélisation du monopole bilatéral et du marchandage date d'un ouvrage publié en 1881 par l'économiste mathématicien irlandais Francis Ysidro Edgeworth. Le rôle des menaces dans les négociations collectives fut mis en évidence en 1928 par le Danois Frederik Ludvig Zeuthen. Considérer un marché dans lequel se trouvent en concurrence des entreprises vendant chacune un produit quelque peu différent constitua une importante innovation, celle de la concurrence monopolistique très utilisée aujourd'hui par les théoriciens macroéconomistes. Deux livres parurent indépendamment en 1933 sur ce sujet, de l'Américain Edward Chamberlin et de l'Anglaise Joan Robinson. Plus tard, dans les années 1970 et 1980, la rigidité des prix serait intégrée à la théorie microéconomique.
L'année 1944 fut marquée par une nouveauté encore plus importante que celle de 1933, une nouveauté qui intéresse d'ailleurs plus généralement la théorie économique. L'économiste autrichien Oskar Morgenstern et le mathématicien hongrois John von Neumann cosignèrent La Théorie des jeux et du comportement économique. Ce fut le début d'un enrichissement conceptuel et analytique considérable dont les effets apparurent peu à peu. De multiples formes des interdépendances stratégiques se révélèrent alors. Un exemple trouve sa place naturelle ici, celui qui a consisté à étudier en quels sens et comment l'augmentation de la taille des marchés rapproche l'économie de la concurrence parfaite.
Biens publics et effets externes
Le modèle de la production et de la consommation, à l'aide duquel nous avons raisonné dans les sections 1 et 2, ne reconnaît entre les agents que des interdépendances réduites au strict minimum, celles s'exprimant par les K équations (8), selon lesquelles le prélèvement sur la ressource ωk effectué par un agent, producteur ou consommateur, n'est plus directement disponible pour la satisfaction des demandes des autres agents. Pour diverses raisons, d'autres interdépendances existent et ont exigé d'autres modélisations pour mieux rendre compte de certains aspects notoires de l'allocation des ressources.
Ainsi, il existe des services dont la consommation est collective plutôt qu'individuelle : défense, beaux-arts, justice, assainissement d'une aire géographique, programmes de télévision, etc. On parle à juste titre de services publics, ou entre économistes de biens publics. Leur présence oblige à modifier le modèle de l'équilibre général. Supposons qu'il existe trois biens dont les deux premiers soient privés et que le troisième soit public, non disponible dans les ressources naturelles (ω3 = 0) et produit en une quantité Q3 dont tous les consommateurs peuvent bénéficier et eux seulement. La fonction d'utilité du consommateur j est alors Uj(Cj1, Cj2, Q3). Les équations de l'équilibre général s'écrivent aisément, la troisième des équations (8) étant modifiée : le membre de droite est nul et, dans le membre de gauche, la seconde somme est remplacée par le simple nombre Q3. Dans une telle économie, la définition des états efficaces au sens de Pareto transpose exactement celle donnée dans la section 2. Le système[...]
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Écrit par
- Edmond MALINVAUD : professeur honoraire au Collège de France
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