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MICROÉCONOMIE Vue d'ensemble

La théorie microéconomique étudie des unités économiques individuelles et leurs interactions. Elle s'intéresse ainsi, par exemple, aux consommateurs et aux producteurs mais aussi aux marchés sur lesquels ils se rencontrent. Elle propose une représentation simplifiée, comme toute théorie, du fonctionnement de la société. Pour réaliser cet objectif, elle repose sur un ensemble d'hypothèses portant sur le comportement des acteurs économiques ainsi que sur l'environnement dans lequel ils évoluent.

La théorie microéconomique, dont les bases furent jetées à la fin du xixe siècle par les premiers économistes néo-classiques Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras, a évolué au cours du temps, si bien que l'on distingue aujourd'hui la microéconomie classique de la nouvelle microéconomie.

La microéconomie classique se fonde sur un jeu d'hypothèses basées sur la rationalité des agents économiques et sur le fonctionnement concurrentiel des marchés. Les individus agissent ainsi en utilisant au mieux les ressources dont ils disposent compte tenu des contraintes qu'ils subissent (ils savent ordonner leurs préférences et ont des capacités de calculs illimitées) et évoluent sur des marchés concurrentiels, sur lesquels l'information est parfaite, les coûts de coordination sont nuls et les agents ne sont que des « atomes », sans interaction directe. L'existence d'un « équilibre général walrasien » sur l'ensemble des marchés et la manière dont on arrive à cet équilibre lorsqu'il existe constituent les deux questions fondamentales de la microéconomie classique. Cet objectif passe par une bonne compréhension des choix optimaux des acteurs économiques, notamment des choix de consommation et de production et de leurs évolutions lorsque les prix varient.

À côté de cette microéconomie classique se développe, depuis le début des années 1970, une « nouvelle microéconomie » qui résulte essentiellement du relâchement de certaines hypothèses afin d'introduire des imperfections dans la coordination des agents sur les marchés. Cela a permis d'ouvrir toute une série de questions nouvelles, largement éludées par la microéconomie classique, et a donné une épaisseur jusque-là inexistante à la firme et aux institutions économiques. De nouveaux outils analytiques comme la théorie des contrats ou la théorie des jeux sont utilisés.

Ainsi, un ensemble de travaux se développe autour de la prise en compte de l'imperfection de l'information sur les marchés et des problèmes d'incitations que cela occasionne. Le marché n'est alors plus étudié comme le lieu où des individus anonymes interagissent au travers du système de prix mais comme la somme d'interactions bilatérales où l'identité des parties est primordiale (les individus ne possèdent pas la même information et interagissent directement, au travers de contrats bilatéraux). D'autres approches se focalisent, avec d'autres jeux d'hypothèses, sur l'incapacité des acteurs économiques à signer des contrats complets. Des questions nouvelles sont alors étudiées, notamment l'impact de la répartition des droits de propriété et des institutions sur l'efficacité d'une économie. L'étape prochaine, encore embryonnaire, consiste probablement pour la microéconomie à relâcher l'hypothèse de rationalité des agents pour analyser plus en profondeur la façon dont les acteurs économiques prennent leurs décisions.

De ce point de vue, la microéconomie moderne considère le marché walrasien comme une forme d'institution très particulière. De plus en plus, son objet est d'étudier la formation et l'efficacité de différentes institutions alternatives.

— Stéphane SAUSSIER

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  • : professeur d'économie à l'université de Paris-XI-Sud, directeur de l'A.D.I.S.

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