MIDDLEMARCH, George Eliot Fiche de lecture
George Eliot, pseudonyme de Mary Ann Evans (1819-1880), passe son enfance dans une ferme du Warwickshire où son père travaille comme régisseur. Elle reçoit une éducation religieuse et conformiste. Fervente lectrice de Bunyan, Defoe et Scott, elle apprend aussi l'allemand et l'italien. Elle quitte l'école à dix-sept ans pour se consacrer à ses devoirs familiaux, accrus à la mort de sa mère. La famille s'installe à Coventry où elle rencontre le libre-penseur Charles Bray qui contribue à l'éloigner d'une religion chère à son père. À la mort de celui-ci, en 1849, Mary Ann devient directrice adjointe de la Westminster Review. Elle rencontre alors George Henry Lewes, déjà marié, avec lequel elle vivra cependant jusqu'à la mort de celui-ci. À l'instigation de Lewes, elle se consacre à l'écriture, publiant d'abord Scènes de la vie du clergé en 1858, inspiré de souvenirs d'enfance et de la vie provinciale. Viennent ensuite Adam Bede (1859), Le Moulin sur la Floss (1860), une histoire d'amour entre un frère et une sœur, qui n'est pas sans évoquer le lien privilégié qui l'unissait, enfant, à son frère Isaac, et Silas Marner (1861). Si Felix Holt (1866) est un semi-échec, Middlemarch (1871-1872) remporte en revanche un succès triomphal. Vient ensuite Daniel Deronda (1876). Un an avant sa mort, elle épouse John Walter Cross, de près de vingt ans son cadet.
L'apprentissage de la raison
Le début du roman consacre Dorothea Brooke comme l'héroïne, sainte Thérèse moderne, que son idéalisme et son inexpérience conduisent à épouser Casaubon, un vieux pédant, qu'elle souhaite aider dans sa recherche : « Dorothea eut soudain l'idée que Mr Casaubon souhaitait l'épouser ; elle en éprouva une sorte de gratitude respectueuse. Quelle bonté de sa part ! On eût presque dit qu'un messager ailé apparaissait sur son cheval pour lui tendre une main secourable. » Le mariage tourne très vite au désastre lorsqu'elle perce à jour la véritable nature de son époux, qui ne mènera jamais à terme l'entreprise encyclopédique qu'il s'est fixée, et qui piétine sans vergogne les aspirations intellectuelles de Dorothea. La rencontre avec Will Ladislaw, jeune cousin de Casaubon, contribue largement à éloigner les deux époux l'un et l'autre. Si la mort de Casaubon semble balayer un obstacle, elle prive cependant Dorothea de tout l'héritage, puisqu'il a pris soin de rédiger un codicille à cet effet. Dorothea épousera néanmoins Ladislaw, faisant fi de la désapprobation générale.
Autour de cette intrigue principale se tissent des histoires secondaires et parallèles, dont le mariage malheureux du docteur Lydgate et de Rosamond Vincy, futile et indifférente à son époux. Quant à Fred Vincy, le frère de Rosamond, il épouse Mary Garth, fille de la seule famille dont les valeurs morales pourraient représenter un exemple. Les interventions de l'auteur omniscient permettent cependant – au contraire de ce qui se passe chez Dickens – d'éviter tout manichéisme. Même Bulstrode, le banquier au passé frauduleux, parvient à éveiller la sympathie du lecteur.
Le roman se conclut sur une note qui prône la raison et la modération. Dorothea a abandonné des idéaux impraticables pour se conformer à une vie domestique paisible et heureuse. Middlemarch est ainsi une sorte de roman d'apprentissage où la plupart des personnages parviennent à la connaissance de soi nécessaire à une existence, sinon exaltante, du moins harmonieuse et en accord avec l'esprit de l'époque.
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Écrit par
- Claire BAZIN : professeure des Universités Paris-X Nanterre
Classification
Autres références
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ELIOT GEORGE (1819-1880)
- Écrit par Dominique JEAN
- 1 802 mots
...Florence de Savonarole et pour lequel George Eliot réunit une documentation considérable, puis Felix Holt que dessert une intrigue obscure et compliquée, George Eliot écrivit un chef-d'œuvre incontesté, Middlemarch (1871-1872), puis Daniel Deronda (1876) qui a toujours pâti de la comparaison avec...