MIGRATIONS ANIMALES
Bien que très diversement partagée selon les groupes zoologiques, la faculté de se mouvoir est une des caractéristiques fondamentales des animaux. Lorsque des individus ou des populations couvrent de longues distances, sans jamais revenir à leur lieu d'origine, les déplacements sont dits acycliques. Il s'agit d'émigrations ou d'expansions géographiques si une espèce modifie son aire de répartition, et particulièrement son aire de reproduction, pour des raisons naturelles ou dues à l'influence humaine (introductions suivies d'acclimatations). Les invasions, ou irruptions, sont toujours très irrégulières dans le temps et dans l'espace. Les animaux apparaissent en grand nombre dans une aire déterminée, y demeurent un certain temps, puis en disparaissent. De telles invasions peuvent être suivies d'une réduction numérique massive des populations ; on peut considérer ces faits comme des adaptations à des pénuries alimentaires et un moyen d'éliminer des effectifs excédentaires.
Au contraire, d'autres déplacements sont beaucoup plus réguliers et coïncident avec les phases cruciales du cycle vital d'un animal ; ils comportent toujours un retour vers le point de départ. Ils méritent seuls le nom de migrations, qui seront donc définies comme un ensemble de déplacements périodiques intervenant entre une aire de reproduction qualifiée de patrie, et une aire où l'animal séjourne un temps plus ou moins long, en dehors de la période de reproduction, et qu'il quitte ensuite pour retourner dans la première. La caractéristique principale des migrations est leur régularité et le fait qu'elles comportent un voyage de retour. Les distances parcourues sont en revanche très variables, allant de quelques dizaines à des milliers de kilomètres. Dans beaucoup de cas, les mouvements ont une orientation bien définie ; dans d'autres, ils s'effectuent selon des directions centrifuges et prennent alors l'allure d'une dispersion à grande échelle.
Chez beaucoup d'animaux (la plupart des oiseaux et des mammifères, de nombreux poissons), le cycle des migrations est annuel et se trouve en relation directe avec le cycle des saisons. Pour d'autres espèces (anguilles, saumons), ayant une longue durée de vie, mais une seule période de reproduction, le cycle s'étend sur toute la vie de l'individu, qui revient à son lieu de naissance pour se reproduire et mourir. Chez d'autres animaux encore, tels les insectes, à vie courte mais dont les populations se renouvellent très rapidement, les migrations sont effectuées par des générations successives dont l'importance numérique est le plus souvent variable
La plupart des migrations comportent des mouvements horizontaux à la surface de la terre. Quelques-unes sont verticales, telles celles des animaux aquatiques qui se déplacent des couches profondes vers les eaux superficielles en fonction des saisons. Quelques oiseaux et mammifères se livrent à des migrations altitudinales, en allant des zones élevées où ils nichent aux plaines où ils hivernent. Dans les Alpes, c'est le cas du tichodrome (Tichodroma muraria) et de l'accenteur alpin (Prunella collaris).
Les migrations animales revêtent une très grande diversité en fonction des espèces et des conditions locales, et aussi d'année en année. Elles représentent une réponse des animaux à des facteurs changeants de leur habitat. Bien que particulièrement répandues dans les zones froides, elles se manifestent dans le monde entier, même dans les régions intertropicales. Leur importance biologique est considérable sur le plan théorique et sur le plan pratique ; l'intérêt économique des migrations est évident.
Méthodes d'étude
Les migrations des animaux présentent un très grand intérêt scientifique. Elles conduisent à localiser géographiquement les aires occupées[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Valérie CHANSIGAUD : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Jean DORST : membre de l'Académie des sciences, directeur honoraire du Muséum national d'histoire naturelle
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Biogéographie
- Écrit par Théodore MONOD
- 5 702 mots
- 19 médias
Sans parler ici des oiseaux de mer, il faut distinguer les migrations s'effectuant à l'intérieur de l'Afrique et celles qui, dépassant le cadre de cette dernière, s'étendent au complexe Eurasie-Afrique. -
BIODIVERSITÉ
- Écrit par Isabelle CHUINE et Sandra LAVOREL
- 5 883 mots
- 10 médias
...à se déplacer vers les régions où les conditions restent favorables à leur survie, souvent dans la direction des pôles ou des sommets montagneux. Ces migrations constituent le premier niveau d’adaptation possible au changement climatique. Mais toutes les espèces n’ont pas les mêmes capacités à se mouvoir... -
CÉNOZOÏQUE
- Écrit par Marie-Pierre AUBRY
- 7 601 mots
- 7 médias
...ancêtres des bovidés). Ces apparitions régionales ne furent probablement pas le fruit d'une diversification accélérée in situ mais plutôt le résultat de migrations issues d'Asie (mammalian dispersal event) et rendues possibles par le réchauffement du P.E.T.M. (Paleocene-Eocene Thermal Maximum) qui... -
CÉTACÉS
- Écrit par Robert MANARANCHE et Vincent RIDOUX
- 3 257 mots
- 8 médias
Les migrations des cétacés de grande taille ont été le mieux étudiées. La recherche de nourriture, les conditions de reproduction sont évidemment les moteurs essentiels des migrations saisonnières. - Afficher les 22 références