MIGRATIONS ANIMALES
Principaux migrateurs
Pour que les comportements migratoires puissent être l'objet d'une sélection au cours de l'évolution, il faut qu'ils présentent un réel avantage pour les animaux. Les migrations doivent être rapides et ne pas impliquer une dépense d'énergie excessive. Les déplacements dans un fluide, l'eau et surtout l'air, sont particulièrement économiques, car ils s'effectuent avec un rendement énergétique très satisfaisant. Il n'en est pas de même des déplacements terrestres, la marche exigeant une consommation d'énergie considérable pour une progression relativement lente sur de grandes distances. De ce fait, les migrateurs se rencontrent principalement parmi les animaux aquatiques ou aériens.
Invertébrés
De nombreux invertébrés marins se déplacent sur des distances appréciables en fonction des saisons. Ils le font souvent de façon passive puisque les organismes planctoniques sont simplement emportés par les courants marins.
Les Annélides Polychètes changent annuellement d'habitat, ce que l'on peut considérer comme une véritable migration. Le long des côtes d'Europe, les Nereis qui se tiennent habituellement parmi les rochers et les algues deviennent planctoniques pendant l'été et nagent dans les eaux superficielles où s'effectue leur reproduction. En Océanie, notamment aux Samoa et aux Fidji, les palolos (Eunice viridis), Annélides vivant au milieu des coraux, différencient des segments bourrés de cellules génitales qui montent en surface avec régularité le premier jour du dernier quartier de la lune d'octobre-novembre.
Chez de nombreux Crustacés, les femelles parcourent jusqu'à 200 km pour se rapprocher des côtes et y pondre leurs œufs, revenant ensuite en eau profonde où demeurent les mâles plus sédentaires. Les crabes d'eau douce reviennent en eau salée ou saumâtre au moment de la reproduction. C'est notamment le cas d'Eriocheir sinensis, le « crabe chinois », qui, après avoir vécu de trois à cinq ans en eau douce, migre vers les eaux salées où la reproduction s'effectue à quelques kilomètres des côtes. Les jeunes passent une année en mer, puis migrent vers les fleuves qu'ils remontent pour s'établir dans les eaux douces. Quelques crabes tropicaux devenus terrestres, comme les Georcarcinus, migrent eux aussi vers la mer au moment de la ponte.
Nombreux sont les insectes réputés migrateurs, surtout parmi les Orthoptères et les Lépidoptères. Toutefois, les migrations véritables sont moins répandues parmi eux que d'autres formes de déplacement. On ne saurait véritablement qualifier de migrations les déplacements de certains insectes à durée de vie courte (une saison) qui désertent leurs lieux d'éclosion, pondent dans d'autres stations et y meurent. Les mieux connus de ces Arthropodes sont les criquets migrateurs (Schistocerca gregaria) et espèces voisines, propres aux régions tropicales et subtropicales de l'Ancien Monde. Les formes grégaires, distinguées par des différences importantes de morphologie, de coloration, de physiologie et de comportement, sont issues de générations sédentaires, et éclosent dans des zones bien définies dites grégarigènes. La reproduction a lieu au printemps dans le nord de l'Afrique, au Moyen-Orient, au Pakistan et en Afrique orientale ; en été et en hiver au sud du Sahara, du Sénégal à l'Éthiopie, et en Inde. Les vols de jeunes criquets se déplacent en fonction des vents dominants d'une zone de reproduction à une autre, parcourant jusqu'à 4 000 km en deux mois. Ils forment de véritables nuages comptant jusqu'à 10 milliards d'individus et s'étendant sur 1 000 km2.
Des déplacements de ce type sont effectués par certains papillons diurnes, dont 250 espèces au moins sont connues à ce titre. En Europe, le souci ([...]
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Écrit par
- Valérie CHANSIGAUD : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Jean DORST : membre de l'Académie des sciences, directeur honoraire du Muséum national d'histoire naturelle
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