BABITS MIHÁLY (1883-1941)
Pacifisme et néo-classicisme
Le cataclysme de la Première Guerre mondiale brise enfin le masque du littérateur et permet à cette conscience tourmentée dans son isolement de rejoindre les souffrances de l'humanité. Babits devient, avec Ady, l'un des plus importants porte-parole du pacifisme hongrois ; ses protestations contre l'absurdité de la violence et de la mort reprises dans Récitatif et dans Vallée de l'inquiétude (1920) lui valent les attaques de la presse impérialiste. En 1916, il est même déplacé par mesure disciplinaire et fait l'objet de poursuites judiciaires. Enfin, après la chute de la Commune qui l'a nommé professeur à l'université de Budapest, il vit sous la surveillance de la police. Cependant, les exécutions sommaires lui avaient déjà fait prendre ses distances avec la dictature du prolétariat ; les dures décisions du traité de Trianon éveillent même en lui le sentiment nationaliste, mais sa véritable préoccupation demeure la défense des valeurs universelles contre la poussée anti-intellectualiste. Le salut se dessine à ses yeux sous la forme d'un nouveau classicisme, synthèse de la psychologie moderne et de la raison éternelle. Équilibre fragile, presque irréalisable, mais dont la recherche engendre les trois recueils les plus complexes et peut-être les plus substantiels de son œuvre : Île et Mer (1925), Les Dieux meurent, l'homme vit (1927), À l'envi avec les années (1933). Dépouillé de son extrême musicalité d'autrefois, mais sans rien perdre de sa richesse ni de son raffinement, le discours exprime le drame intense de sa conscience.
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Écrit par
- André KARATSON : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Lille
Classification
Autres références
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HONGRIE
- Écrit par Jean BÉRENGER , Lorant CZIGANY , Encyclopædia Universalis , Albert GYERGYAI , Pierre KENDE , Edith LHOMEL , Marie-Claude MAUREL et Fridrun RINNER
- 32 134 mots
- 19 médias
...prédécesseurs pour les mener, avec ceux de ses amis, à des hauteurs insoupçonnées. De son vivant, tous les poètes vivaient plus ou moins dans son ombre, et Mihály Babits lui-même (1883-1941), son plus cher ennemi, ne put donner toute sa mesure qu'après la mort de son aîné, en prenant la direction de ...