VROUBEL MIKHAÏL ALEXANDROVITCH (1856-1910)
Peintre russe. De 1880 à 1884, Vroubel fait de brillantes études à l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg où il est l'élève de Tchistiakov. En 1884, il est invité à Kiev pour restaurer les peintures murales de l'église Saint-Cyrille (xiie s.), puis pour décorer la nouvelle cathédrale Saint-Vladimir (1887). En 1889, il s'installe à Moscou où il rencontre le célèbre mécène Savva Mamontov qui contribue à l'affirmation du talent de l'artiste et qui, à partir de 1898, finance les manifestations artistiques du groupe dit du Monde de l'art, dont Vroubel est considéré comme un des représentants les plus doués. Fortement influencé par la peinture monumentale et par les courants mystiques et tourmentés de son époque, l'artiste se tourne essentiellement vers des thèmes inspirés de la littérature et du fantastique, de la mythologie et des contes russes, qu'il traite en de grandes fresques, remarquables par la vision imaginative qui s'en dégage. C'est ainsi qu'en 1885 Vroubel entreprend d'illustrer Le Démon du poète Lermontov, dont l'image hantera de plus en plus son esprit et dominera toute son œuvre en lui imprimant la marque du tragique de la solitude. Le cycle des Démons s'achève en 1902 par Le Démon terrassé qui coïncide avec l'apparition de troubles mentaux chez son auteur. Ceux-ci ne laisseront que peu de répit à l'artiste, qui finit par mourir tragiquement après avoir perdu la vue.
Comme la plupart des peintres de son époque, Vroubel applique son art au décor théâtral : on lui doit notamment les décors de trois opéras de Rimski-Korsakov (Sadko, La Fiancée du tsar, Le Dit du tsar Saltan) créés à l'opéra privé de Mamontov. Il ne reste pas non plus à l'écart du mouvement du renouveau de l'art populaire russe : en 1899-1900, il dirige l'atelier de céramique créé par Mamontov dans sa propriété d'Abramtsevo, foyer où se regroupent les meilleurs artistes de l'époque. À l'époque stalinienne, Vroubel est taxé de « peintre décadent et mystique ». Pourtant, bien qu'il ne formule pas de nouveau vocabulaire pictural ni ne fonde d'école, Vroubel ouvre la voie aux expériences des générations suivantes qui le révérèrent pour ses recherches d'expression picturale.
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